Pour Abderrahim Merdoud, enseignant appartenant à la délégation de Aïn Sebaa-Hay Mohammadi, la question de la violence se pose avec acuité à l'intérieur des écoles marocaines. ALM : Comment avez-vous appris la nouvelle de la défenestration de deux élèves à Casablanca ? Abderrahim Merdoud : Ce qui s'est passé, récemment, en ce qui concerne l'institutrice d'une école à Casablanca, qui a défenestré deux de ses élèves, n'est que la partie rendue dernièrement visible d'un profond iceberg. La presse a rapporté des faits témoignant que l'institutrice concernée avait présenté des certificats médicaux prouvant qu'elle souffre de traumatisme mental. Mais cela n'a pas été pris en compte ni par la direction de l'école ni par la délégation du ministère de l'Education nationale. De tels faits sont devenus courants au sein des établissements scolaires dans notre pays. Vous voulez dire qu'il s'agit d'un problème « national » ? En effet, chaque année, des dizaines d'enseignants, toutes catégories socio-professionnelles confondues, présentent des certificats médicaux attestant de leur incapacité physique et/ou morale à assumer leur tâche, mais ne trouvent personne pour répondre à leurs doléances ; et ce, sachant que d'autres individus ne souffrant d'aucune maladie, vivent constamment dans un état de chômage déguisé pour détachement syndical ou considérés comme étant en surnombre. Bien entendu, il faut se rendre à l'évidence que l'éducation des enfants n'est pas chose facile. Elle nécessite un effort constant et quotidien ; et ce d'autant plus que la violence est devenue partie prenante du paysage scolaire et éducatif au Maroc, pour des raisons multiples. Quelles sont ces raisons? A maintes reprises, l'on rencontre des enseignants angoissés vivant loin de leur lieu de travail et de leur milieu d'origine, ou bien souffrant de besoin matériel et financier insurmontable, des fois. Pour les enseignants, la situation est plus grave encore, étant donné son rôle dans le foyer et la suprématie du sexe masculin. Un partenaire qui devrait l'aider à accomplir sa mission au sein du ménage au lieu de jouir de manière égoïste d'un capital symbolique lui permettant d'assurer la reproduction d'un système révolu qui a prouvé ses limites. La violence exercée par certains enseignants à l'égard de leurs élèves n'est qu'une expression et un soupir d'un être frustré et triplement exploité. A la maison, dans la rue et dans les lieux de travail.