Une voiture, appartenant à un employé du consulat marocain en Corse, a fait l'objet d'un attentat à l'explosif dans la nuit de vendredi à samedi. Cet acte intervient peu d'heures après l'assassinat d'un Marocain. Les associations antiracistes se mobilisent contre cette vague de xénophobie. Rien ne va plus pour les Marocains de Corse. Les termes du communiqué, diffusé au mois d'août, par un groupuscule nommé Clandestini Corsi, prennent un sens inquiétant après l'assassinat d'un Marocain, vendredi, à Ajaccio. Le communiqué qualifiait de «racaille» les émigrés et affirmait : «Nous sommes en droit de ne pas accepter ce type de population et les plus réticents seront éliminés physiquement». C'est désormais chose faite avec l'assassinat en plein jour par cinq balles, dont l'une à bout portant sous le menton, d'un pompiste marocain d'une station-service Esso. Le meurtre a été commis par deux hommes à moto. Ils portaient des casques. Même si l'origine raciste de cet acte n'a pas encore été confirmée, la vague de violences contre la communauté maghrébine, formée principalement de Marocains, porte à privilégier la piste du crime raciste. Dans la nuit de vendredi à samedi, le véhicule de fonction d'un employé du consulat du Maroc, garé devant son domicile, a fait l'objet d'une tentative d'attentat, à Biguglia, commune située au sud de Bastia. La charge explosive avait été placée dans un extincteur, glissé sous le véhicule. Ce n'est pas le premier acte raciste qui vise ce consulat. En mai dernier, le drapeau marocain avait été enlevé et brûlé. Ce consulat a aussi fait l'objet d'une tentative d'incendie et il est régulièrement tagué par une inscription très répandue dans les rues de Bastia : «Arabi fora» (Arabes dehors). Jusque-là, le consul du Maroc ne s'est pas exprimé sur ces actes. Son silence étonne même le journal «Le Monde» qui a consacré, dimanche, un dossier au sujet. En revanche, le député-maire de Bastia, Emile Zuccarelli, multiplie les condamnations. Il a dénoncé «avec la plus grande fermeté» la tentative d'attentat contre l'employé du consulat qui «participe de ce climat de haine que certains tentent de développer dans notre île contre telle ou telle partie de la population en fonction de ses origines». Les condamnations verbales ne suffisent pas toutefois à arrêter la violence. 56 actions violentes contre des personnes issues de la communauté maghrébine ont été recensées depuis le 1er septembre 2003, contre 21 en 1994 ou 14 en 2000. Et selon un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, sur les 92 faits les plus graves recensés en France en 2003, 56 ont été commis en Corse. Les associations antiracistes corses se sont mobilisées samedi pour dénoncer la série d'attentats, d'agressions et d'intimidations contre des personnes issues de l'immigration maghrébine. A ce sujet, près de 500 personnes se sont rassemblées samedi à Corte (Haute-Corse) à l'appel d'Amnesty International, de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et du collectif antiraciste Ava Basta («ça suffit»). Empêcheront-ils les Marocains de fuir l'île où ils ne se sentent plus en sécurité ?