La visite du directeur de l'OIT pourrait internationaliser le dossier des retraites avec des centrales annonçant aujourd'hui de nouvelles actions de protestation Les centrales syndicales ne pouvaient espérer meilleur cadeau. Leur bras de fer avec le chef de gouvernement autour de la réforme du régime de retraite des fonctionnaires de l'administration publique risque de prendre une tournure internationale. Et pour cause, le directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder, se rendra pour la première fois en visite officielle fin février au Maroc. Au menu de cette visite, une participation au Forum international sur les politiques de l'emploi mais aussi des rencontres avec des responsables officiels au Royaume. Et les syndicalistes dans tout ça ? Il ne faut pas oublier que les syndicats avaient déjà ces derniers mois annoncé le recours à cette organisation onusienne pour le dépôt d'une plainte contre le gouvernement pour «violation des conventions internationales ratifiées par le Maroc au sujet de la négociation collective». C'est donc une visite qui tombe à point nommé pour les syndicats surtout que la tension entre les partenaires sociaux est en train de franchir un nouveau palier. Les relations entre les deux parties semblent même atteindre le point de non-retour. Alors que la dernière rencontre informelle entre AbdeliIlah Benkirane et les secrétaires généraux des principaux syndicats du pays avait laissé espérer un dénouement, les choses sont devenues encore plus compliquées. En attendant la visite du numéro un de l'OIT, quatre syndicats se réunissent aujourd'hui à Casablanca pour faire de nouvelles annonces, dit-on. Il s'agit notamment de l'Union marocaine du travail (UMT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) qui dévoilent ce mercredi de nouvelles mesures de protestation. «La conférence traitera des conditions précaires des ouvriers et travailleurs d'une manière générale en raison des politiques impopulaires du gouvernement», affirment les dirigeants des quatre centrales syndicales. Longtemps retardée, la date d'une grève générale pourrait être fixée au cours de la réunion d'aujourd'hui. Mais la protestation commence dès demain avec l'annonce de l'aile de Abdelhamid Fatihi à la FDT d'une grève générale. Cette dernière a décidé de faire cavalier seul contre «l'obstination du gouvernement au sujet de la réforme de la Caisse marocaine des retraites». La confrontation entre gouvernement et syndicats se fait désormais dans la rue à un moment où chacune des parties campe sur sa position. Le chef de gouvernement a estimé dans une dernière sortie dans le cadre d'une activité partisane que «la réforme de la CMR a trop tardé et qu'il n'était plus possible de faire marche arrière». Le message a été reçu 5/5 par les syndicats qui espéraient encore arracher des concessions de la part du gouvernement sur ce sujet. Reste à savoir qui sortira vainqueur de cette bataille. Une bataille qui risque d'avoir un prix fort sur le plan économique. Quant à l'impact social de cette tension, il est difficile de pronostiquer tout de suite… Réforme des retraites: L'examen des projets de loi reporté Pour la deuxième fois consécutive, la commission des finances à la Chambre des conseillers reporte l'examen des projets de lois relatifs à la réforme des retraites. Cela fait pratiquement un mois que les projets de loi ont été transférés au Parlement sans que ce dernier démarre pour autant leur examen. Alors que certaines voix affirment qu'il s'agit de manœuvres pour retarder la réforme, d'autres parties expliquent que le report est dicté par des considérations techniques et légales. Il faut préciser que le report a été demandé par l'Union marocaine du travail, le Parti authenticité et modernité (PAM) et l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Mohamed Alami, président du groupe socialiste à la Chambre des conseillers, affirme que la réunion de la commission consacrée à l'examen des projets de lois en question ne pouvait avoir lieu car «elle est contraire aux dispositions du règlement intérieur de la deuxième Chambre». Ce dernier stipule qu'aucune réunion d'une commission parlementaire permanente ne doit avoir lieu au même temps qu'une séance plénière ou une réunion des groupes parlementaires. «Comme le démarrage du débat en commission sur les projets de lois liés à la réforme devait avoir lieu mardi matin au même moment que la réunion des groupes parlementaires, nous avons demandé au président de la commission de reporter la réunion de la commission à la semaine suivante», explique Alami.