A New-York et à Washington, les Américains ont commémoré samedi dans une ambiance chargée d'émotion le troisième anniversaire des attaques terroristes qui ont frappé leur pays. A New York, les cloches ont retenti samedi à la mémoire des quelque 3.000 victimes des attentats du 11 septembre 2001 pour le troisième anniversaire de cet événement qui a bouleversé les Etats-Unis. Sur les lieux de ce triste événement, là où se dressaient autrefois les tours jumelles du World Trade Center, les familles des victimes ont lu les noms de ces dernieres devant un vaste public. Dans la capitale des Etats-Unis, le président George W Bush a observé , comme partout dans le pays, une minute de silence sur la pelouse de la Maison-Blanche avant d'évoquer les attentats dans son allocution radiodiffusée hebdomadaire. S'adressant à la nation, il s'est dit déterminé à traquer « sans répit » les terroristes dans le monde entier. « L'Amérique est plus sûre, mais nous ne sommes pas encore en sécurité », a réitéré le président Bush. Le terrorisme devenant l'un des thèmes centraux de la campagne électorale, le sénateur du Massachusetts, John Kerry, candidat démocrate à la présidentielle, a assisté à une cérémonie commémorative dans sa ville de Boston et a appelé les Américains à s'unir dans la lutte contre le terrorisme. Il faut signaler que les deux candidats à l'occupation du bureau ovale se sont accordé une trêve dans leur joute verbale, samedi, à l'occasion du troisième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Mais nombreux sont les observateurs qui conseillent à Bush de ne pas trop jouer sur cette corde. Il faut rappeler qu'il y a quelques mois, les familles des victimes du 11 septembre s'étaient indignées du fait que des images du drame aient été utilisées dans un spot pour sa réélection. Le vice-président Dick Cheney, qui rappelé mardi dernier que tout autre choix que Bush le 2 novembre exposerait les Etats-Unis à une réédition du 11 septembre, s'est attiré les foudres du camp démocrate, auquel se sont joints quelques républicains. En Europe, si les cérémonies qui ont marqué ce 3e anniversaire des attentats aux Etats-Unis n'étaient pas aussi nombreuses qu'aux USA, les médias et plusieurs personnalités politiques ont dressé un bilan pessimiste des trois années de lutte contre le terrorisme. En revanche, certains alliés fidèles de Washington, comme la présidente des Philippines, Gloria Arroyo, a rappelé que trois ans après ces attentats en Amérique, le danger redoutable est toujours là. Des cadres du réseau islamiste régional Jamaa Islamiya (JI), réputé pour ses relations avec Al Qaida se seraient réfugiés parmi les groupes séparatistes musulmans dans le sud du pays, d'après les services de renseignements philippins. D'ailleurs la JI a revendiqué l'attentat de jeudi contre l'ambassade d'Australie à Jakarta qui a fait 9 morts indonésiens, et 182 blessés. En Australie, le Premier ministre, John Howard, a prévenu que «la guerre contre le terrorisme va être une bataille longue et sanglante». En Chine, d'après un journal local, ”Wenhui Bao”, les dernières années de lutte n'ont fait que créer un «monde encore moins sûr aujourd'hui». Il faut reconnaître, en effet, que, de Bali à Madrid, de Beslan à Bagdad, des personnes innocentes continuent d'être la cible d'attaques criminelles. Cette guerre contre le terrorisme «n'avait pas apporté les résultats escomptés», a reconnu un autre allié des USA, le président polonais, Aleksander Kwasniewski. En fait, de l'Allemagne à l'Espagne ou à l'Italie en passant par la France ou les pays scandinaves, beaucoup d'éditorialistes ont sévèrement critiqué cette guerre lancée en 2003 par M. Bush. Les observateurs européens ont mis le doigt sur les erreurs commises et le fossé qui sépare désormais l'Europe des Etats-Unis, particulièrement à cause de l'Irak. Certains accusent Bush d'avoir « gâché en moins de 18 mois toute la sympathie envers les Etats-Unis », d'autres défendent la manière forte contre le terrorisme. En Russie, qui vient de connaître une prise d'otage se soldant par une vraie boucherie, le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que l'unique moyen de se protéger du terrorisme, c'est de le détruire. Mais qu'en fut-il au Moyen-Orient? Comme c'était attendu, la presse a surtout dénoncé la politique américaine lors de ces trois années de «guerre» contre le terrorisme. Le quotidien, gouvernemental syrien, ”Tichrine” considère que «les attentats ont ouvert la voie à une nouvelle ère où les lois internationales, les principes et les règles moraux ont été renversés sous le prétexte de la guerre contre le terrorisme ». En Iran, Bush est accusé d'avoir exploité les attentats en question pour imposer sa politique expansionniste. En conclusion, guerre ou pas, le spectre du terrorisme continue d'inquiéter la communauté internationale, trois ans après la frappe de New York.