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Le tourisme taxé à mort
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 02 - 10 - 2003

Des taxes qui se chevauchent, des impôts trop fragmentés, des prélèvements fixes. Les professionnels attendent de la Loi de Finances plus de justice fiscale. Des impôts comme la taxe sur les débits de boissons, taxe sur les spectacles, taxe d'ouverture matinale et de fermeture tardive ou encore taxe d'accès à la piscine, pénalisent encore le secteur.
C'est le cas à la veille de l'élaboration de chaque Loi des Finances : les professionnels du Tourisme sont montés au front des revendications fiscales. Mais pas en ordre dispersé cette fois-ci. C'est la grande nouveauté de la rentrée. En effet, toutes les doléances seront transmises via un canal unique : le Comité stratégique du Tourisme, piloté par le premier ministre et qui comprend les ministères du Tourisme, de l'Equipement et du Transport, celui des Finances, ainsi que des représentants de la profession. Le comité travaille sur des propositions concrètes et devra se réunir incessamment pour débattre des doléances des professionnels.
A la base des revendications, figurent, cela devient une tradition, la réforme de l'impôt local et la suppression des impositions faisant double usage comme la taxe d'enseigne, la taxe d'ouverture ou de fermeture tardive, la taxe sur les distributions de boissons, la taxe de séjour, la taxe de spectacle, la taxe sur les billets d'accès aux piscines des hôtels, la contribution relative aux chaussées, aux trottoirs…
Concernant la réforme de la fiscalité foncière, la Fédération propose à court terme de limiter la base d'imposition à 50 millions de dirhams, cela quelle que soit la date d'acquisition des immobilisations.
Ce qui, malgré la nouvelle charte communale, ne se réalisera pas sans heurts. Le regroupement de la patente, de la taxe d'édilité urbaine et de la taxe urbaine, en une seule, passe d'abord par la réforme du Dahir de la fiscalité des collectivités locales.
Pour les professionnels, la politique fiscale au Maroc doit tenir compte du caractère saisonnier de l'activité. Pourquoi, s'insurge la Fédération des hôteliers, ne pas élargir à la profession le bénéfice de la notion de chômage (vacance) reconnu actuellement aux seules sociétés industrielles ?
Egalement au menu des réclamations, la réduction des droits de douane et la baisse du volume d'investissement ouvrant au régime conventionnel. Celui-ci est actuellement à 200 millions de dirhams. C'est excessif au vu de la moyenne des investissements réalisés par les opérateurs de la place. Il est évident que de telles dispositions profitent aux seuls gros investissements, pénalisés du reste au niveau de la patente…
C'est dire que l'abattement de ce régime conventionnel à un minimum de 75 millions de dirhams ferait gagner au Maroc plus de compétitivité en réduisant les coûts d'investissement.
En outre, les professionnels souhaitent l'élargissement de la liste du matériel soumis à un droit réduit (2,5 au lieu de 10%).
Sur un autre front, la taxe de la promotion touristique fait aussi l'objet de contestations. Sans la remettre en cause, les professionnels souhaitent qu'elle ne soit plus prélevée directement sur les hôtels mais sur les recettes des communes, de manière à faire participer tous les secteurs. La Fédération Nationale de l'Industrie hôtelière va même plus loin et souhaite le reversement d'une quote-part au profit de la promotion régionale.
Reste à savoir comment l'ONMT (l'Office National Marocain du Tourisme) bénéficiaire de la taxe de promotion telle qu'elle est instituée actuellement va-t-il réagir ?
Pour le moment, au ministère, l'attention est fixée ailleurs. Il s'agit du Plan Azur qui fait l'objet de plusieurs spéculations concernant son timing. Il est évident que cet ambitieux programme bute encore sur quelques obstacles. Pas seulement fonciers ou techniques, comme on l'entend souvent dans les discours officiels. Ce dont on est pour le moins sûr, c'est que le programme a du mal à se conformer à son calendrier. A la direction de l'Aménagement et des Investissements au ministère du Tourisme, les explications abondent. L'engagement de livrer les sites à partir du premier trimestre 2002, date retenue initialement, ne concernerait plus que quatre stations.
En fait, si les sites de Taghazout, de Saïda ont été concédés avec plus ou moins de bonheur, si le belge Thomas & Piron, chef de fil d'un consortium formé avec Risma, a hérité du site de Mogador, en revanche, rien n'est encore acquis en ce qui concerne Lixus et Mazagan. Dans une interview accordée récemment au bulletin de la CGEM, Jawad Zyat, directeur de l'Aménagement et des Investissements au ministère du Tourisme, s'est montré rassurant : « il n'y a eu à aucun moment du processus de négociations un découragement de la part des aménageurs retenus. Il faut simplement comprendre que pour garantir la réussite de ces méga-projets (plusieurs milliards de DH d'investissements), les accords à passer avec les investisseurs sont volumineux »…
Des explications convaincantes certes mais qui n'apportent pas la réponse à la question principale : quand démarrera l'aménagement des sites en question ?


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