Le ministre du Commerce, de l'Industrie, de l'Energie et des Mines, Mustapha Mansouri commente, dans l'entretien qu'il a accordé à ALM, les enjeux du démantèlement tarifaire des produits pétroliers raffinés. Aujourd'hui Le Maroc : Quels sont les effets à terme de la dernière décision gouvernementale de décréter le démantèlement tarifaire pour la filière pétrolière? Mustapha Mansouri : Il faut préciser d'abord que la décision prise par le gouvernement de mettre en place le démantèlement tarifaire des produits pétroliers rentre dans le cadre de la libéralisation progressive du secteur pétrolier dans le respect par le Maroc de ses engagements sur le plan national et international. Il s'agit là d'une stricte application d'une des clauses du cahier des charges de la privatisation des raffineries SAMIR et SCP qui prévoit la réduction progressive des droits de douane sur les produits pétroliers à partir du 1er juillet 2002 en vue de leur extinction en 2009. Il ne s'agit nullement de la suppression immédiate des droits de douane. Par exemple, pour le gasoil dont le taux actuel des taxes à l'importation est de 17,5%, il sera procédé chaque année à la réduction de ce taux de 2,2 points. Quel est l'impact de cette mesure sur l'activité de la Samir dans l'immédiat ? La décision de réduire les taxes à l'importation des produits pétroliers n'aura aucun impact sur le volume des ventes des produits de la SAMIR. En effet, cette dernière bénéficiera encore de la protection pour une période minimale de 5 ans. Et les éléments dont on dispose aujourd'hui montrent que les importations de gasoil ne pourraient intervenir avant 2007. Pourtant, les dirigeants de La Samir avaient réclamé à cor et à cri le report de l'échéance fatidique du 1er juillet… La SAMIR dispose aujourd'hui d'un délai raisonnable pour réaliser son investissement qui va lui permettre la mise à niveau de ses installations en vue de la fabrication de produits à plus haute valeur ajoutée (le gasoil à 50 ppm de soufre) et de la transformation de l'excédent de fuel oil en gasoil (produit plus noble). Ceci se traduira pour la SAMIR par une meilleure compétitivité dans le cadre de l'ouverture graduelle pour le secteur pétrolier. Il est à signaler à ce sujet que le programme d'investissement de la SAMIR qui vise l'augmentation de sa capacité de raffinage, l'amélioration de la qualité des produits fournis et la conversion de l'excédent de fuel oil en gasoil est en cours d'examen par la Commission Nationale des Investissements qui est habilitée à accorder à la SAMIR les mesures d'accompagnement nécessaires pour la concrétisation dans les meilleures conditions pour ce projet. Les sociétés de distribution vont-elles se retrouver dans l'ouverture du marché à la concurrence? Pour les distributeurs, le démantèlement tarifaire constitue une initiative dans le sens d'une meilleure visibilité pour les investissements à réaliser en prévision de la libéralisation progressive du secteur. Les autres décisions prises vont permettre notamment l'application de l'accord intervenu, sous l'égide du ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Energie et des Mines, entre les sociétés de distribution et les gérants des stations-service, en vue de rééquilibrer les postes de coulage dans les différentes phases de la distribution. Ce qui va permettre de régler définitivement le différend qui a opposé les deux parties à ce sujet pendant longtemps.