Les gens peuvent tuer pour quelques arpents de terre. Pour un litige à propos d'une question de délimitation de terres agricoles, un agriculteur et son fils n'ont éprouvé aucun scrupule à assassiner froidement leur voisin. Douar Ouled Abdellah, commune et Caïdat de Benaouda, dans la circonscription de Souk Larbaâ du Gharb. Thami est sorti de chez lui en cet après-midi du lundi 12 mai. Il rentre d'habitude tôt chez lui, au plus tard vers 20h00. Contrairement à son habitude, ce soir il a vraiment tardé. Les heures s'égrennent, mais il ne donne toujours pas signe de vie. Que lui est-il arrivé ? Personne ne sait au juste. Sa femme alerte sa mère et ses frères. Ces derniers frappent à toutes les portes, errent dans tous les lieux qu'il fréquente, contactent tous les amis qu'il a l'habitude de rencontrer. Ils ne rentrent chez eux qu'à l'aube du mardi 13 mai. Thami a-t-il passé la nuit chez l'un de ses amis ? Ce n'est pas de ses habitudes. Lui est-il arrivé malheur ? A-t-il été victime d'un accident de circulation ? Les membres de sa famille tentent de chasser ces mauvaises pensées. Ils ne veulent pas croire qu'il lui soit arrivé malheur. Ils n'arrivent pas à trouver le sommeil. Et ils attendent que le jour se lève pour aller à l'hôpital. Ils ont encore un espoir de le retrouver. Mais il n'y est pas. Où se trouve-t-il ? Est-il mort ? Une question qui commence à obséder sa femme. Elle pleure tellement que ses yeux n'ont plus de larmes. Il ne reste plus qu'à aviser les gendarmes. Ils se rendent donc chez les limiers de la gendarmerie de Souk Larbaâ. Une enquête est ouverte et les investigations commencent. Bien que plusieurs jours se soient écoulés sans résultat, les enquêteurs ne perdent pas espoir. Un enquêteur va jusqu'au bout de l'enquête, aucune difficulté ne doit le décourager. Et pourtant le chef de la brigade qui s'occupe de cette affaire semble très inquiet. Alors qu'ils n'ont pas encore élucidé des affaires de vol de bétail au douar, voilà qu'un meurtre –affaire plus complexe -surgit, perturbant la sérénité des habitants. Il s'agit donc de tirer au plus vite cette affaire au clair. Et –signe du destin ?- C'est l'arrestation d'un jeune homme du douar pour vol de bétail, qui va s'avérer déterminante. Comme l'intuition d'un enquêteur ne le trompe jamais, le chef de la brigade surprend le jeune homme en lui disant : «Et l'affaire du meurtre, qu'en penses-tu?». Le voleur de bétail reste bouche-bée, ne sait quoi dire. Il se tait comme s'il était muet. Le chef de la brigade lui demande d'avouer qu'il a assassiné Thami. «Nous avons des témoins qui attestent que tu es l'auteur du crime», lui dit-il. En réalité, le gendarme prêche le faux pour savoir le vrai, car il n'a ni témoin ni preuve accusant le jeune homme du meurtre. Perturbé, celui-ci sursaute et s'écrie : «Non, non ce n'est pas moi ! …Ce sont eux qui l'ont tué…». Qui, eux ? : «Abdellah et son fils ! Deux voisins de Thami. Ils se disputaient à chaque fois avec Thami à propos de la délimitation de leurs terres agricoles respectives. Or, personne n'aurait pu imaginer que ces différends auraient pu déboucher sur un meurtre. Abdellah décide de mettre fin à ce problème. Et le moyen qu'il imagine est particulièrement horrible. Abdellah fait appel à son fils et lui demande de l'aider à «éduquer » leur voisin, Thami. Ils passent à l'acte en barrant le chemin à leur antagoniste, lundi 12 mai, vers 17h. Ils le maltraitent violemment au point qu'il succombe à ses blessures. Ils font appel par la suite au jeune voleur de bétail pour enterrer le cadavre dans un lieu distant de cinq kilomètres de leur domicile. Arrêtés, le père et son fils avouent être les auteurs du crime. Après avoir appris l'arrestation du jeune homme, ils avaient exhumé le cadavre et l'avaient ré-enterré un peu plus loin pour brouiller les pistes et s'étaient dirigés vers des champs près du douar Ouled Abdellah pour se soustraire aux yeux des enquêteurs. Mais ils ont été finalement appréhendés et traduits devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Kenitra pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens.