Mettant en scène les vicissitudes de la vie de quatre couples, « Sahar Allayali » (Veillées nocturnes), premier film du jeune réalisateur égyptien Hani Khalifa, suscite la polémique. La saison cinématographique égyptienne promet d'être très chaude cette année, à l'image de l'été cairote réputé pour ses canicules. Et pour cause, le premier film du jeune réalisateur Hani Khalifa n'est pas passé inaperçu. Sorti il y a une quinzaine de jours, «Sahar Allayali» (Veillées nocturnes), joué par de jeunes acteurs dont Mona Zaki, Hanane Turk et Charif Mounir, relate la vie de quatre jeunes couples aisés. Réaliste, le film n'hésite pas à mettre à nu les relations d'adultère et les petits détails de la vie sexuelle de ses héros. Mona Zaki joue le rôle d'une épouse qui prend son mari en flagrant délit d'adultère. Elle découvre la double-vie de son époux lorsque celui-ci, se trouvant avec sa maîtresse, appelle par mégarde son domicile de son téléphone portable. Le couple pourtant parent d'un enfant et en attend un autre, inaugure alors une période de doute et d'instabilité durant laquelle l'épouse trompée réclame la séparation. Le film relate également les vicissitudes d'un second couple socialement inégal. Les relations entre la femme, jouée par Hanane Turk, et son mari, d'une condition sociale plus modeste, ne sont pas toujours faciles à gérer, surtout que la femme s'est mariée par dépit après une ancienne histoire d'amour qui ne lui a pas laissé que de bons souvenirs. L'histoire met en scène un troisième couple conservateur. La femme, dont l'époux est en même temps son cousin, n'est pas satisfaite sexuellement et demande le divorce. Le quatrième couple évoqué par le film de Hani Khalifa n'est pas marié. La jeune femme, ambitieuse professionnellement, se trouve partagée entre son ami et un homme d'affaires qui lui propose de l'épouser. Se retrouvant en célibataires à Alexandrie, ces quatre hommes tentent de faire le point de leurs vies afin d'y voir plus clair. Ils réalisent qu'ils n'ont fait que cumuler les erreurs. Pour sa part, la première femme découvre qu'elle est prête à pardonner à son mari trompeur, la seconde qu'elle a toujours aimé son époux alors que la troisième renonce à l'adultère. Le dernier couple a décidé de convoler en justes noces. Une fin moralisatrice pour un film qui ne l'est pas moins, même si son réalisateur a déclaré qu'il a «essayé de poser des questions au sujet des problèmes traités dans le film, mais je n'ai pas voulu présenter de solutions». A l'image de la manière crue avec laquelle «Sahar Allayali» a évoqué ces problèmes, l'accueil réservé au film a été très houleux. C'est que le cinéma égyptien n'aime pas qu'on touche aux tabous. Une relation extra-conjugale, un baiser échangé entre le héros et l'héroïne ou même une silhouette féminine en maillot de bain ne pourrait passer sans susciter des réactions virulentes. Et pour cause, la tendance est aujourd'hui au «cinéma propre». A croire que chasteté est l'unique synonyme d'un bon cinéma.