Le secteur bancaire marocain offre un potentiel de développement intéressant. L'intérêt que lui témoignent des banques européennes le confirme. Les acteurs locaux s'inscrivent dans la même dynamique et n'ont pas l'intention de rester passifs. Les jeux d'alliances sont en marche d'autant plus que le risque-pays ne les concerne pas. Le « wait and see » observé depuis l'euphorie des rapprochements bancaires de 1999 semble repartir de plus belle. Toutefois, la donne a bien changé depuis. Si les grandes banques Européennes, Françaises en particulier, devaient redessiner le paysage bancaire national, les acteurs locaux n'ont certainement pas l'intention de se laisser embarquer dans des montages devant aboutir, à terme, à la perte de contrôle de leur institution. En plus, les autorités gouvernementales font aussi entendre leur voix. Un dossier aussi important que l'épargne nationale est bien trop sérieux pour qu'il soit laissé aux seuls banquiers. Le mot d'ordre, ne pas confier le sort de l'épargne nationale à des institutions étrangères quelles qu'elles soient. « Nous n'avons pas construit notre Groupe Wafabank pour le donner à des étrangers. Combien même nous ayons la volonté, les autorités monétaires ne le permettraient pas», affirmait Abdelhak Bennani, Président de Wafabank lors de la conférence de presse en marge du salon de la Bourse du 26 septembre dernier. Le Président de Wafabank a créé la surprise en détaillant les grandes lignes de sa stratégie future. « Le projet le plus naturel pour Wafabank est la concrétisation de rapprochement avec le Crédit Du Maroc. Il n'est pas dans l'intérêt d'aucune partie de laisser subsister le doute. Le dénouement est à faire dans le très court terme. Vers fin décembre 2003, au plus tard fin mars 2004 », précisait Abdelhak Bennani. Donc, un rapprochement Wafabank/CDM serait concrétisé pour bientôt. Parallèlement, le reste de la place n'est pas dans la spéctative. À la même occasion, Khalid Oudrighi, Président de la BCM a précisé, de son côté, sa philosophie en la matière. « L'idée selon laquelle la BCM préfère recourir à une croissance interne, chose qu'elle a fait avec succès d'ailleurs, n'est plus de mise. Nous restons prêts à saisir toute opportunité qui se présente », a-t-il précisé tout en prenant le soin de démentir les rumeurs actuelles « Après la BMCI, voilà qu'on nous marie à la BMCE. Actuellement, nous sommes plutôt préoccupés par les chantiers ouverts en interne. Il n'y a pas eu d'entretiens dans ce sens avec aucune partie ». En plus, le Président Ourdrighi peut compter sur le soutien de son actionnaire de référence le Groupe ONA. Son président Bassim Jaï Hokimi l'a rappelé lors de la présentation des résultats semestriels aux analystes lors du salon « Avec la nouvelle structure du groupe ONA, les filiales gagnent en autonomie accrue. Si par exemple, le Président Oudrighi nous présente un projet convaincant, nous n'hésiterons pas à apporter notre soutien » avait-il laissé entendre. En face, le groupe BMCE Bank a arrêté son choix. Les discutions avec la Caisse d'Epargne Française ont été confirmées. L'annonce officielle serait, selon des sources bien informées, officialisée lors de la prochaine visite du Président Français Jacques Chirac au Maroc, vers la mi-octobre prochain. L'accord initial porterait sur 20 %. Il n'est cependant pas exclu que l'écureuil monte dans le capital de la BMCE Bank. Reste à observer de près, la position de la filiale BNP Paribas, BMCI qui, après avoir absorbé ABN Amro, cherche par tous les moyens à agrandir ses parts de marchés. Rien de plus normal, eu égards aux perspectives prometteuses à long terme, constat confirmé d'ailleurs par le rapport de S&P sur les banques nord-africaines. Ses rédacteurs ont relaté aussi, la distinction qui s'impose d'elle-même entre les banques publiques et privées : le secteur public rencontre de graves problèmes de rentabilité, alors que le secteur privé affiche une situation plus équilibrée, grâce à une gestion prudente et l'absence du risque spécifique. Le rapport S&P souligne que «les problèmes de qualité des fonds propres ont empiré sur les deux dernières années, en raison de la croissance économique volatile et lente ainsi que des expositions concentrées au risque, notamment pour les banques publiques qui manquent d'expérience en matière de gestion des risques, de la surveillance de crédit et d'indépendance d'affaires ». La qualité des engagements s'est détériorée, mais très peu de banques ont provisionné à niveaux proportionnés les créances irrécouvrables. Au Maroc, la leçon est bien comprise. Le désengagement des pouvoirs publics de l'activité bancaire est une décision évidente. Le succès de résorption de l'épineux problème BNDE est une leçon à méditer. La CDG, bras privé de l'Etat, a réussi là où les experts ont échoué. Grace à la précieuse aide du Crédit Agricole du Maroc, l'autre filiale BNDE, la BMAO, a enfin trouvé solution. En plus, la BCP, en absorbant la SMDC, a bien fait fonctionner le principe de solidarité de la place. Ainsi, l'architecture globale du paysage bancaire marocain est en phase d'être revue. La place n'est désormais plus accordée qu'aux grands. À qui est le tour ?