Un nouveau pas est franchi dans la mise en place des structures de l'Institut royal de culture amazighe. Une institution qui permettra pour la première fois de conjuguer des efforts jusque-là épars. Pour peu que l'intendance suive. La nomination par SM le Roi Mohammed VI, jeudi 27 juin, d'un premier groupe de membres du Conseil d'administration de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM) est un nouveau pas dans la mise en place de cette structure annoncée par le souverain dès le discours du trône de juillet 2001. «Nous sommes convaincu que la probité intellectuelle, la conscience du caractère pluriel de notre culture marocaine, le patriotisme sincère et les hautes qualités qui vous distinguent, et que vous aurez à faire valoir dans la bonne gestion de l'Institut et dans le plein acquittement des missions qui lui sont dévolues, sont à même de vous habiliter pour nous aider avec de sages conseils», a dit le souverain à l'adresse des membres du conseil d'administration de l'Institut. Les attentes ont clairement été définies par SM le Roi. Elles consistent, pour ces personnalités de renom, à « veiller constamment à faire de cette Institution un cadre ouvert fondé sur le dialogue sérieux, le respect du droit à la différence et l'intérêt continu pour l'ensemble de notre patrimoine culturel, en mettant à profit toutes les opinions et les initiatives visant la promotion de la culture amazighe, en assurant sa diffusion et son rayonnement, en parfaite cohérence avec les fondements de notre identité marocaine ancestrale, unie autour de ses valeurs sacrées et pérennes». Chez de nombreuses personnalités amazighes, la mise en place de l'IRCAM porte en elle l'espoir d'une concrétisation des objectifs tracés par le souverain. Ahmed Assid, de l'Association des échanges culturels, estime que cette institution permettra pour la première fois de réunir dans un même cadre les efforts d'une élite de chercheurs et de militants dans le domaine. « C'est la première fois qu'une institution officielle, disposant de moyens, pourra regrouper des personnes actives dans le domaine, en vue d'élaborer des projets clairs. C'est là le premier point à souligner», déclare M. Assid. L'IRCAM, selon lui, permettra également de consacrer une certaine complémentarité entre le linguiste, le pédagogue, le linguiste ... en vue de faire un travail accompli. «la façon dont a été structuré l'IRCAM, à travers ses six centres, permettra d'œuvrer de la sorte», ajoute-t-il. Cependant, c'est le volet des moyens financiers mis à la disposition de l'institut qui conditionnera l'efficacité de son action. «Les membres du conseil d'administration de l'IRCAM s'attaqueront à un domaine quasivierge. Ils auront besoin de moyens pour concrétiser leurs idées en projets finis », précise-t-il. Il en veut pour illustration, les moyens que nécessiteront des tâches comme l'uniformisation de la variété des dialectes en une langue standard, ou encore un inventaire à l'échelon national de l'amazighité. «Ceci suppose des moyens conséquents, ne serait-ce que pour financer des missions auprès de pays étrangers ayant connu la même évolution». Autre son de cloche chez Ahmed Berchil, avocat et secrétaire général de la confédération des associations amazighes dans le sud, qui s'exprime à titre personnel : le statut de l'IRCAM n'est pas de nature à donner aux membres de l'institut l'indépendance requise pour accomplir pleinement leur mission, estime-t-il. Une crainte que Me Berchil formule tout en insistant sur la nécessité de donner le temps nécessaire à ces personnes de prouver qu'ils peuvent aller au delà de ce handicap.