La profanation de quinze tombes musulmanes, qui a fait beaucoup de bruit durant le week-end, n'est qu'un épisode des actes innommables qui salissent la réputation de la France depuis quelques mois déjà. Dans la nuit du jeudi à vendredi, quinze tombes musulmanes ont été profanées dans le cimetière militaire du quartier Cronenbourg, à Strasbourg. La réaction des autorités françaises fut immédiate par le biais du ministère de l'Intérieur. Dominique de Villepin, ministre français de l'Intérieur, tout en condamnant fermement ces profanations a promis que tous les moyens seront mobilisés pour identifier et poursuivre les auteurs de cet acte «d'une particulière gravité». Les partis politiques et le mouvement associatif ont également exprimé leur indignation à l'égard de ces manifestations de haine. Des croix gammées et des signes SS ont été peints à l'encre grise et bleue sur les pierres tombales, toutes situées dans le carré musulman de ce cimetière, qui avait déjà été profané en avril. Sur le mur d'enceinte situé près du carré musulman, figurait l'inscription «HVE junior», en référence à l'Association patriotique alsacienne (Heimattreue Vereinigung Elsass, HVE), un groupuscule clandestin dissous en septembre 1993 en raison de ses liens avec des organisations néo-nazies européennes, notamment un mouvement allemand. En fait, les dégradations et graffiti à caractère raciste se sont multipliés ces derniers mois en Alsace. Ces actes de vandalisme visant des tombes musulmanes se multiplient. La région du Bas Rhin (Est de la France) avait, en juillet dernier, enregistré la profanation d'une cinquantaine de tombes musulmanes d'un cimetière militaire de la ville de Haguenau. A l'époque, le président Jacques Chirac avait réagi en soulignant que ces gestes de haine «seront combattus avec la plus grande résolution». Condamnant ces actes «avec la plus grande fermeté», Il avait fait part de la détermination absolue des pouvoirs publics à poursuivre sans répit les auteurs de ces ignominies pour qu'ils soient jugés et condamnés avec toute la rigueur des lois de la République. On retient également quatre autres tombes profanées dans un cimetière de Marseille, début juin dernier. Des inscriptions néo-nazies tracées sur les tombes n'ont pas épargné d'autres lieux dont des mosquées.Vers la fin du mois de mai 2004, le domicile d'un membre du conseil régional du culte musulman (CRCM) d'Alsace, dans un quartier paisible de Strasbourg, a été le théâtre de dégradations. La poubelle a été incendiée et des tags à caractère raciste ont été inscrits. Ce fut la première fois qu'un responsable du culte musulman est directement visé. Aziz El Alouani, sa femme et ses enfants dormaient pendant que les racistes commettaient leurs actes. Vers 6 h du matin, Mme El Alouani, qui partait au travail, s'aperçoit que leur poubelle brûle. Tandis que M. El Alouani éteint le feu, son épouse découvre deux croix gammées et les inscriptions «Heil Hitler» et «Elsass Frei» (Alsace libre) sur le mur arrière de sa maison. M. El Alouani a immédiatement averti les services de police. L'incident a été rapporté par le journal français « Libération » dans son édition électronique du 31 mai 2004. A signaler que les actes commis le week-end dernier ont coïncidé avec la deuxième session de la conférence interparlementaire sur les droits de l'Homme et la liberté du culte qui a pris fin samedi à Bruxelles, au terme de trois jours de travaux. Les actes ont été perpétrés alors que les participants ont notamment appelé au respect de la liberté du culte, à la promotion de la tolérance et au rejet de toutes les formes de discriminations religieuse, culturelle et ethnique. Samedi après-midi, une centaine de personnes se sont réunies au cimetière militaire de Cronenbourg, à Strasbourg, où les quinze tombes musulmanes ont été recouvertes de croix gammées. Le recteur de la grande mosquée de Strasbourg, Abdellah Boussouf, a salué « la réaction formidable de la classe politique, et notamment du président de la République, qui a montré sa détermination pour lutter contre les racistes et les xénophobes». Le président UMP du conseil régional d'Alsace, Adrien Zeller, a promis de sa part que «l'Alsace ne se laissera pas faire, elle ne se laissera pas diviser». Il a même fait le souhait de dégager un budget régional de 10.000 à 15.000 euros pour rémunérer les témoins qui permettraient de démasquer les auteurs de ces actes. Tous ces gestes de haine, toutes ces agressions, toutes ces violences sont contraires aux valeurs, aux principes et aux idéaux français. «Ils sont indignes de la France» comme l'a clairement déclaré le président Jacques Chirac.