En Guinée-Bissau, le jour de l'arrivée de SM le Roi Mohammed VI sera un jour chômé et payé. C'est dire l'importance que donne ce pays d'Afrique subsaharienne à la première visite d'un monarque sur son territoire. La visite, à partir d'aujourd'hui, du Souverain en Guinée-Bissau marquera la relance des relations diplomatiques qui n'ont pas toujours été exemplaires. Zoom sur les liens qu'entretiennent le Maroc et la Guinée-Bissau. Les relations entre le Royaume et la Guinée-Bissau remontent à la période de lutte anticoloniale. Les responsables bissau-guinéens ont, à plusieurs reprises, évoqué le soutien du Maroc pendant la guerre de libération contre l'armée coloniale portugaise. Les premières armes avec lesquelles les Bissau-Guinéens ont combattu pendant cette guerre d'indépendance leur auraient été offertes par Feu SM le Roi Hassan II. Il faut dire qu'ensuite les relations diplomatiques entre les deux pays étaient pour le moins tumultueuses, marquées par des périodes de froid provoquées par la position indécise de la Guinée-Bissau au sujet du conflit au Sahara. Si le troisième exportateur de noix de cajou dans le monde a acquis son indépendance en 1974, ce n'est qu'en 1986 que les premières relations diplomatiques officielles entre les deux pays ont été établies. Pour cause, deux années après son indépendance, la Guinée-Bissau avait reconnu la «république arabe sahraouie démocratique» (RASD), se rangeant ainsi du côté des séparatistes du front Polisario. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé. En 2010, cette république ouest-africaine a retiré sa reconnaissance de la RASD, marquant le début des relations diplomatiques relativement stables avec le Royaume. Le malaise s'est définitivement dissipé après les visites privées des présidents bissau-guinéens, Malam Bacai Sanha José en 2009 et José Mario Vaz en janvier dernier. Pour sceller le retour à la normalité, lors d'une visite qu'il avait effectuée au Maroc en décembre 2014, le président de l'Assemblée nationale de la République de Guinée-Bissau, Cipriano Cassama, avait clairement réitéré le soutien de son pays pour le Maroc sur la question du Sahara. «La position de la Guinée-Bissau à propos de la question du Sahara est claire et sans équivoque», avait-il déclaré. Sur le volet coopération, sept accords lient les deux pays dans plusieurs domaines. Le premier est un protocole de coopération dans le domaine de l'administration publique signé à Tanger en juin 1987. Les ministères des affaires étrangères des deux pays sont, eux aussi, liés par un accord signé en 1996. La même année, deux autres accords avaient été signés entre les deux pays, l'un portant sur la création d'une commission de coopération mixte, et l'autre sur la coopération économique, scientifique, technique et culturelle. Plus récemment, en 2011, les deux pays se sont mis d'accord pour l'ouverture d'une ligne aérienne reliant Casablanca et Bissau. En 2013, un accord portant sur l'élaboration d'une législation pharmaceutique et sur des projets de développement des secteurs pharmaceutique et médical en Guinée a, encore une fois, rassemblé les deux pays. Et enfin, le 24 décembre 2014, un dernier accord prévoyant l'échange d'expériences et de savoir-faire en matière juridique et législative a été signé entre les deux pays. Ces accords devront être étoffés par une quinzaine d'autres dont la signature est prévue lors de cette visite royale. Selon le chef de la diplomatie bissau-guinéenne, ces accords toucheront les domaines de l'agriculture, de la santé, de l'éducation, du transport et du tourisme. Il faut s'attendre à ce que cette visite active les échanges commerciaux entre les deux pays qui sont presque nuls, notamment du côté des importations marocaines. Il est à noter que SM le Roi Mohammed VI recevra, durant cette visite, la «Médaille Amilcar Cabral», plus haute distinction du pays. Cette tournée africaine mènera, ensuite, le Souverain en Côte d'Ivoire et au Gabon, deux partenaires traditionnels du Maroc sur le continent.