Le Centre Marocain de Conjoncture estime que la croissance spectaculaire des transferts des RME est liée notamment à la forte élasticité de ces derniers vis-à-vis du taux de change. En 2002, les transferts des RME (Résidants marocains à l'étranger) ont atteint 36,2 milliards de DH en hausse de 13,2 milliards. Comment interpréter ce record historique. S'agit-il d'un retournement de tendance ou d'un simple phénomène passager ? C'est sur cette question que les analystes du Centre Marocain de Conjoncture (CMC) se sont penchés. Selon eux, cette croissance spectaculaire s'explique par le comportement de nos concitoyens à l'étranger face à des événements majeurs en coopération avec les transferts. Le Centre estime que la hausse des transferts est la résultante d'un double effet : la dévaluation du DH au niveau des pays d'accueil et l'anticipation d'une réglementation bancaire plus stricte-ou supposée comme telle en liaison avec l'avènement de l'euro- au niveau des pays de résidence. Concernant le premier effet, le Centre fait état de la forte élasticité des transferts des RME vis-à-vis du taux de change effectif nominal. A ce titre, les conjoncturistes du CMC rappellent que lors de dévaluation de 9,25% intervenue en 1990, ces transferts ont enregistré une augmentation record de l'ordre de 46%. Ces derniers sont passés ainsi de 11 milliards de DH à 16,5 milliards de DH en 1990. Après quelques années, les transferts ont enregistré des taux de croissance faible voire négatifs. Conclusion : Le CMC n'exclut pas l'hypothèse selon laquelle, l'augmentation des transferts en 2001 soit le fait d'une forte élasticité à l'égard de la dernière dévaluation de 5% du DH. Quant au second effet relatif à l'anticipation d'une législation bancaire au niveau des pays d'accueil, le Centre avance qu'une partie des RME de la zone euro a préféré transférer leurs avoirs en devises. L'objectif étant d'anticiper un contrôle qui accompagnerait éventuellement l'avènement de la monnaie unique. A en juger par les propos du CMC, ce qui rend crédible une telle hypothèse, c'est le fait que les transferts en devises billets de banque ont totalisé à eux seuls 15,5 milliards de DH, soit une progression de 8,7 milliards, alors que les virements bancaires n'ont augmenté que de 4,5 milliards. Le Centre analyse cette situation comme une déformation de structure dans la mesure où durant toute la décennie 90, la part relative des virements bancaires tournait autour de 11 milliards de DH, ce qui représentait plus de 70% des transferts qui connaissaient une moyenne de 18 milliards de DH. Les responsables craignent une tendance à la baisse des transferts des RME, une fois les deux effets expliquant soient épuisés.