La rencontre entre le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) et celui du parti de l'Istiqlal (PI), les deux principales composantes de la coalition gouvernementale, aura lieu vendredi prochain, indique-t-on de sources concordantes. Ces mêmes milieux annoncent qu'on n'en sait pas encore le lieu, «encore que le politiquement correct veuille que ce soit Hamid Chabat qui se rende chez Abdelilah Benkirane». Cependant, le caractère inespéré de cette «réunion de la réconciliation» renvoie au second degré ces formalités et, pour l'heure, c'est son ordre du jour qui importe. Beaucoup de commentateurs pensent que sur ce plan Hamid Chabat a eu gain de cause et qu'au cours de la rencontre – dénommée «réunion de la commission de coordination de la coalition» du fait de la présence des leaders des autres formations parties au gouvernement- les trois grands sujets mentionnés dans le mémorandum adressé par l'Istiqlal au chef de gouvernement seront discutés. On rappelle à ce sujet que Hamid Chabat avait mis en demeure Abdelilah Benkirane d'être plus attentif à la charte de la coalition, ce qui devrait l'amener, selon le leader de l'Istiqlal, à ne pas décider sans prendre l'avis des partenaires. Il avait également exigé un remaniement partiel du gouvernement; exigence qui avait été commentée comme la volonté de substituer ses inconditionnels aux ministres istiqlaliens en poste actuellement restés fidèles à son rival malheureux, Abdelouahed El Fassi. Longtemps jugée irraisonnable et arrogante par le PJD, cette dernière exigence avait empêché toute rencontre des éléments numéros 1 et 2 de la majorité gouvernementale. Il semble que ce ne soit plus le cas aujourd'hui où on prête au chef de gouvernement des déclarations dans lesquelles il n'exclut pas des échanges avec son contradicteur sur l'éventualité d'un remaniement. Pourtant ce n'est pas tant à la mission de bons offices conduite par Nabil Benabdallah et Mohand Laenser que ce changement de ton est dû qu'à la conjoncture régionale qui s'est singulièrement assombrie. Présidant une réunion régionale de son parti récemment à Fès, le secrétaire général de l'Istiqlal a dit en substance que les récents événements intervenus dans le monde arabe commandent de taire les dissensions internes et de se donner la main afin de renforcer la solidarité nationale. Il semble donc que l'accroc qui a failli mettre à bas le 1er gouvernement post-Constitution de juillet 2011 s'achemine vers un règlement faute de combattants. Reste si cet apaisement de la part des uns et des autres au nom de l'intérêt général ramènera la concorde au sein de la majorité gouvernementale. Des commentateurs pensent en effet que si la conjoncture internationale a obligé Abdelilah Benkirane et Hamid Chabat à enterrer la hache de guerre, il n'est pas exclu que leur rivalité renaisse de ses cendres à l'occasion des élections partielles. Mais ils augurent que se situant sur un registre relativement moins sensible, elle se déploiera avec moins de hargne que ce qu'il en a été pour le remaniement ministériel. Laquelle question aurait en fait reçu un début de solution au lendemain du soutien apporté par Abbas El Fassi à son successeur lors de la 2ème et dernière partie du Conseil national de leur formation politique.n