L'inquiétude des investisseurs sur les pratiques comptables de certaines entreprises ont pesé sur les marchés d'actions américains et sur le dollar jeudi dernier, tout en soutenant les fonds d'États américains. La perte nette surprise de 1,9 milliard de dollars enregistrée par le groupe industriel Tyco International a contribué à exacerber les doutes sur l'amélioration attendue des résultats des entreprises. L'impressionnante perte de 54,25 milliards annoncée mercredi soir par AOL Time Warner - l'une des plus importantes de l'histoire américaine - et la déprime des marchés boursiers ont conduit le dollar à ses plus bas niveaux depuis plusieurs mois sur tous les fronts. Ainsi, le Franc suisse s'est approché d'un niveau d'1,6284 pour un dollar, tout comme la Livre à 1,4559 dollar. Le billet vert a touché également son plus bas niveau depuis le 14 mars 2002 contre le yen à 128,18. Parallèlement, après avoir grimpé en flèche durant la séance, les obligations américaines ont néanmoins réduit leurs gains, dès que le Dow Jones a repassé la barre des 10000 points, franchie à la baisse en séance pour la première fois depuis février 2002. L'Euro, lui, a bénéficié des hésitations du Dow Jones autour de la barre fatidique et a quasiment retrouvé ses meilleurs niveaux depuis début janvier à 89,75 cents, en hausse de 0,55% comparé à sa clôture de mercredi à New York. Le Nasdaq composite a fini quasi stable lui aussi, avec un gain de 0,02% à 1713,70, après avoir enregistré six clôtures en baisse d'affilé. L'annonce du redémarrage de la construction d'une usine de semi-conducteurs par Intel a soutenu en effet le secteur technologique. Tant sur le marché des changes qu'à la bourse de New York, les investisseurs s'interrogent néanmoins sur la vigueur de la reprise américaine. « On commence à se demander de quelle ampleur sera la croissance après le premier trimestre et cela s'ajoute au fait que les résultats d'entreprises m'ont semblé un peu décevants", note un stratégiste de marché chez Victory Capital Management. Le courtier en énergie Dynegy a relancé les craintes de scandales comptables après avoir annoncé que la commission américaine des opérations en bourse (la SEC) enquêtait sur l'un de ses accords de distribution de gaz naturel, ravivant le souvenir de la débâcle d'Enron. Dans le même temps, Dynegy a également annoncé une provision de 313 millions de dollars affectant ses résultats 2002. Par ailleurs, les cours du pétrole et des pétrolières, comme Exxonmobil -en hausse de 0,6%, ont grimpé dans la crainte de voir les relations entre l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de brut, et les Etats-Unis se tendre en raison de la crise au Proche-Orient. Le papier court des fonds d'État a également grimpé dans l'anticipation d'un frein de l'activité économique, en raison d'un renchérissement des coûts de l'énergie. Mais des responsables saoudiens ont démenti avoir l'intention de s'associer à la suspension des exportations pétrolières de l'Irak, contrairement à ce qu'affirmait le New York Times.