Abderrahim Lahjouji, président du parti «Forces Citoyennes», estime que sa formation est en droit de se rapprocher du PJD, qualifié de "premier parti de l'opposition". Lahjouji souligne que les deux partis ont plusieurs points en commun. ALM : Pourquoi avoir organisé, conjointement avec le PJD, une conférence sur les accords de libre-échange? Abderrahim Lahjouji : Je tiens tout d'abord à préciser que ce n'est pas la première fois que nous organisons, conjointement avec le PJD, une telle rencontre sur un sujet d'actualité pour notre pays. Je pense que devant les défis que nous sommes aujourd'hui tenus de relever, nous devons interpeller l'ensemble des formations politiques du pays sur les thèmes qui intéressent les citoyens marocains. Par ailleurs, force est de constater qu'actuellement, au Maroc, il y a un déficit de débat. Cela ne veut pas dire que ce déficit est comblé par le PJD, mais il est déplorable de voir que la classe politique marocaine semble se désintéresser à certains sujets d'actualité comme celui des accords de libre-échange que le Maroc est en train de signer depuis quelques mois. Comment s'est déroulée cette journée de réflexion, qui s'est tenue dans le siège de votre parti à Casablanca? Nous avons invité un ensemble d'opérateurs intéressés par le sujet des zones de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis. Je peux vous dire que tous les concernés ont répondu favorablement à notre invitation et sont venus exprimer leurs craintes et leurs espoirs quant aux conséquences à l'instauration de cette zone de libre-échange. Quel est l'intérêt pour le parti «Forces Citoyennes» de s'afficher avec une formation politique telle que le PJD? Inutile de vous rappeler que le Parti de la Justice et du Développement (PJD) se trouve être la première formation politique de l'opposition. A mon avis, il était grand temps que le PJD se joigne à nous pour que l'on puisse avoir une idée, claire et sans équivoque, sur ses positions concernant les problèmes économiques, sociaux, culturels, etc. Justement, en abordant des thèmes comme celui des zones de libre-échange, l'ensemble de ces dimensions ressortent facilement, ce qui permet de ressortir le positionnement réel d'un parti politique, concernant tel ou tel point. Maintenant que vous avez organisé deux journées de réflexions avec le PJD, quelle idée vous vous faites de ce parti? Je pense sincèrement que le PJD, actuellement, adopte une vision très proche des préoccupations d'un parti moderne. Vous pouvez le constater en lisant le communiqué final de la journée de réflexion que nous avons organisé. Le document étant cosigné par le secrétaire général du PJD, Saâd Eddine El Othmani, et moi-même. Peut-on comprendre de vos propos qu'il existe désormais des affinités entre le parti «Forces Citoyennes» et le PJD? Dans certains domaines, il y a effectivement des affinités entre les deux partis. Mais dans d'autres domaines, ces affinités sont moins apparentes. Je vous cite l'exemple de l'éthique en matière de libéralisme. C'est un aspect très important que nous partageons volontiers avec le PJD. A ce titre, je vous rappelle qu'au moment de la création du parti «Forces Citoyennes», nous avons longtemps insisté sur notre attachement au libéralisme et à l'initiative privée, certes, mais en précisant que ce libéralisme doit être solidaire. On entend par cela la mise en place d'un certain nombre de mécanismes de solidarité. Quels sont les aspects que vous ne partagez pas avec le PJD? Sincèrement, je ne peux pas être d'accord avec l'ancienne version du PJD, qui tenait un discours clairement extrémiste. Par contre, aujourd'hui, le PJD est, comme je l'ai souligné, un parti qui tient un discours imprégné de modernité et d'ouverture. Ce changement a permis au PJD de se mettre au même niveau que les autres partis. Certains estiment que votre rapprochement du PJD est une manière d'attirer vers vous une partie du capital-sympathie dont bénéficie ce parti. Qu'en pensez-vous? Notre rapprochement avec le PJD date de quelques mois déjà. Nous avons tenu plusieurs réunions. Je suis intimement convaincu que le PJD a changé. Son actuel secrétaire général est un homme qui veut en faire un parti moderne, loin de tout extrémisme. Il faut laisser le temps au temps.