Portées par de solides résultats 2001, les valeurs bancaires françaises dopent depuis deux mois les indices sectoriels. La poursuite de cette tendance passe par des risques sous contrôle, en attendant les plans stratégiques de la Société Générale et de BNP Paribas. Un an après avoir redécouvert les vertus de la banque universelle, le marché boursier français ne se lasse toujours pas des valeurs de l'Hexagone. Il l'a encore prouvé ces dernières semaines. Depuis la publication de leurs résultats annuels respectifs, la Société Générale et le Crédit Lyonnais affichent des hausses de leur titre de 16,8% et 24%. L'action Crédit Agricole enregistre pour sa part une progression de 30 % depuis sa cotation le 14 décembre 2001. Seul le titre BNP Paribas reste stable. Plusieurs analystes estiment que ce rebond est amplement justifié. Il s'inscrit dans un contexte général de rattrapage des banques françaises vis-à-vis de leurs consœurs européennes, mieux valorisées. En effet, avec un PER estimé de 11,9 pour 2002 selon Merrill Lynch, BNP Paribas demeure moins chère qu'un groupe comme le SCH, pourtant durement éprouvé par la crise argentine.«La hausse des dernières semaines tient surtout à la bonne facture des résultats présentés, qui ont eu le mérite de ne pas décevoir les attentes à un moment où le profil de risque des banques suscitait des inquiétudes croissantes. Ceci vaut en particulier pour le Crédit Lyonnais et, dans une moindre mesure, pour la Société Générale », souligne Romain Burnand, analyste chez JP Morgan. En affichant un taux de créances douteuses relativement stable et une croissance dans certains métiers - comme la gestion d'actifs - supérieure à ses concurrentes, la banque au Lion semble en effet avoir enterré ses vieux démons. Parallèlement, le Crédit Agricole, entré en Bourse à bas prix (16,6 euros), rattraperait peu à peu son déficit d'image auprès des investisseurs. «Les dirigeants de la Banque ont adopté le bon discours vis-à-vis du marché, et la décote d'introduction liée au caractère particulier du groupe se résorbe», estime Romain Burnand. Le niveau atteint par la valeur n'en laisse pas moins certains analystes dubitatifs. La bonne tenue des banques françaises pourrait-elle se poursuivre ? Bien que les tendances de fond -meilleure gestion du risque, soutien de la banque de détail- ne changent pas, les résultats du premier trimestre 2002 sont attendus. Dans l'immédiat, les plans stratégiques que la Société Générale et BNP Paribas présenteront le 22 mai prochain retiennent toute l'attention. «La Société Générale devra préciser sa stratégie et annoncer une restructuration sérieuse de sa banque d'investissement», espère un analyste d'un bureau parisien. Du côté du Crédit Lyonnais, la perspective de voir 20 % du capital de la banque changer de main rapidement a redonné un coup de fouet au titre. Mais les avis restent partagés sur le bien-fondé de cette prime.