La transmutation de la Da'wa vers les nouvelles technologies ne cesse d'attirer de nouveaux adeptes. C'est aussi un moyen efficace de s'approprier la science religieuse. La littérature islamiste éditée au Moyen-Orient a désormais de très sérieux concurrents. Aux incontournables CD Rom et autres cassettes vidéos, viennent s'ajouter ces dernières années les nouveaux outils High-Tech de la diffusion de la Da'wa. Certaines chaînes satellitaires comme « Iqrae », où le prédicateur Khalid Amrou anime une émission très populaire connaissent un certain succès auprès du grand public arabe. L'offensive médiatique «néo-islamiste » a pris de l'élan avec le développement des technologies des communications. Et la nouvelle génération de prédicateurs « branchés » investit sans complexe le net et les dernières applications des télécoms. Le site web du célèbre prédicateur Cheikh Qardhawi ( http://www.qaradawi.net/ ) en est un exemple. Que ce soit sur la chaîne Al Jazira ou sur le son site web, téléspectateurs et internautes posent des questions en temps réel sur tel ou telle pratique individuelle ou sociale. Comme cela se faisait depuis toujours lorsqu'un croyant venait trouver un prêcheur à la mosquée. Sur Internet, le Alem émet une fatwa, un avis juridique qui constitue la norme à appliquer dans le quotidien. Ces consultations juridico-religieuses portent, comme cela se fait dans les mosquées, sur tous les domaines de la vie : sexualité, travail, loisirs… À côté des Fatwas, plusieurs sites islamistes, comme ( http://www.assabyle.com/ ) mettent à la disposition des internautes de véritables galeries de services virtuels gratuits : Khotba, coran audio , vidéos, livres on-line, utilitaires informatique... L'interactivité y est aussi : annonces, forum, chat ( discussions en direct) et même des agences matrimoniales virtuelles islamistes ! Plus populaire, la néo-D'a wa a également investi dans certains pays les télécoms. «SOS Fatwa » est un service original de prédication en Egypte. Le principe est simple : grâce à un numéro spécial, les fidèles posent leur question sur une messagerie vocale contre l'obtention d'un code. Les questions sont traitées par la suite par un comité de docteurs de la foi. 24 heures plus tard, l'utilisateur obtient la réponse à sa question en composant son code, moyennant une somme d'argent. Le concept enregistre un tel succès en Egypte que ses initiateurs comptent le transposer vers d'autres pays arabes. Et Ceci malgré la controverse qui se fait autour de l'éthique de faire payer un service de prédication. Ces exemples ( et il y en a d'autres) relatent cependant un fait très important : les «néo-islamistes » ont compris l'importance des nouvelles technologies pour la propagation de la connaissance. La transmutation des anciennes traditions vers les nouvelles technologies de l'âge informatique est un moyen efficace de s'approprier la science religieuse. Car, comme l'explique Gilles Kepel dans son livre «Chronique d'une guerre d'Orient »* « le cyberprédicteur le plus habile à jouer de ces instruments post-modernes l'emportera sur ses concurrents. Pour l'islam aussi, the medium is the message. Et internet est un vaste médium.