Plus arrogant que jamais, Ariel Sharon compte coûte que coûte poursuivre la mise en œuvre de son plan de retrait de la bande de Gaza malgré le rejet de ce dernier dimanche par le Likoud. Les palestiniens comptent sur la communauté internationale pour œuvrer à la remise au goût du jour de la feuille de route. C'est certainement en raison du soutien du président américain George Bush et des 60 % d'Israéliens approuvant son initiative, selon les sondages, que Sharon envisagerait désormais de soumettre son plan à la Knesset voire à un référendum. Le Premier ministre israélien continue de croire que son plan représente une occasion historique pour Israël de régler unilatéralement la question des colonies de Gaza et de Cisjordanie, où l'Etat juif conserverait d'importants blocs d'implantations. Sharon semble ne prêter aucune attention à la position de son parti dans ce sens. Dimanche, les membres du Likoud ont rejeté à une écrasante majorité son plan pour un retrait de la bande de Gaza. Selon les résultats officiels du référendum de dimanche, annoncés par la radio publique israélienne 59,5% des membres du Likoud se sont carrément opposés au plan Sharon, tandis que 39,7% se sont prononcés en faveur du même plan. Lors de cette consultation, 96 700 sur les 193 190 membres inscrits du Likoud, avaient voté. Après sa défaite, le Premier ministre israélien s'est contenté de publier un communiqué assurant qu'il se plierait aux résultats. Jusqu'au dernier moment, Sharon avait tenté de renverser le rapport de forces au sein de son parti pour arracher la victoire, en prédisant des résultats dramatiques pour Israël en cas d'échec. Il avait notamment insisté sur les conséquences qu'un tel rejet aurait sur les relations entre Israël et les Etats-Unis. Sharon avait aussi, et surtout, souligné vendredi qu'une défaite de son parti pourrait provoquer des « élections anticipées superflues ». Mais les Etats-unis tiennent apparemment à soutenir leur allié de toujours au détriment de l'opinion publique et de celle des membres du Likoud. En effet, la Maison Blanche a assuré après le référendum qu'elle soutenait toujours le plan de Sharon et qu'elle discuterait avec son gouvernement des « moyens d'avancer ». Sur le terrain, les colons de la bande de Gaza ont accueilli les résultats avec satisfaction, mais dans une atmosphère endeuillée après un attentat palestinien qui a coûté la vie dans l'après-midi à cinq personnes. Cet attentat, dont les deux auteurs ont été tués, a été revendiqué par le Jihad islamique et les Comités de la résistance populaire. L'armée israélienne a riposté en début de soirée par un raid d'hélicoptères contre un immeuble de la ville de Gaza. Sharon, lui, a fait savoir qu'il resterait en fonction malgré le rejet de son plan, dont il n'a pas évoqué un éventuel retrait. Il a présenté ce projet comme un moyen de renforcer la sécurité d'Israël après trois ans et demi de violences liées à la deuxième Intifada. Du côté des Palestiniens, ils sont visiblement favorables à tout retrait israélien, mais ils craignent que le prix de ce retrait ne sape la « feuille de route » pour la paix et ne les prive d'un Etat viable englobant les territoires occupés par Israël lors de la guerre israélo-arabe 1967. Le Premier ministre palestinien Ahmed Koreï a exhorté Washington à revenir sur les garanties inédites consenties au Premier ministre israélien Ariel Sharon en réponse à son plan de désengagement de la bande de Gaza, rejeté ce week-end par son parti. Koreï a déclaré que les Etats-Unis et la communauté internationale se doivent à présent d'œuvrer à la remise au goût du jour des pourparlers de paix, et a appelé de ses vœux à une conférence internationale qui ferait revenir au premier plan la «feuille de route» du quartet de médiateurs. Alors qu'une nouvelle session s'est ouverte lundi au Parlement, Sharon n'a pas encore dévoilé ses intentions. Il a seulement exclu toute démission et indiqué que des décisions difficiles seraient prises en consultation avec son cabinet et les formations de sa coalition gouvernementale. Personne d'autre que Sharon lui-même n'est en mesure de savoir ou même de prévoir ce que compte faire Sharon.