Ce dont ALM a été le premier média marocain à annoncer, il y a environ 9 mois (Cf ALM n° 1967 du 15 juillet 2009), c'est enfin concrétisé. Il s'agit du rachat de Volvo Cars par le groupe automobile chinois Geely. L'accord final a été signé dimanche dernier à Göteborg, soit là où siège le constructeur suédois, bien évidemment en présence des patrons des deux entités, soit Li Shufu, président de Zhejiang Geely Holding Group Company Ltd et Stephen Odell, P-dg sortant de Volvo, mais également Lewis Booth le directeur financier du groupe Ford (voir photo). Selon plusieurs journaux économiques, dont le Financial Times, le montant de la transaction serait de 1,8 milliard de dollars, soit près de quatre fois moins que le prix auquel le géant américain avait acquis Volvo en 1999 (6,4 milliards de dollars). Un prix jugé «raisonnable» par Ford qui cède ainsi la dernière marque de son pôle haut de gamme, PAG (Premier Automotive Group), qu'il avait constitué au début des années 90 en rachetant des labels chics et sportifs comme Aston Martin, Jaguar et Land Rover. Quelque peu après la signature, une conférence de presse s'est tenue à Göteborg toujours. L'occasion du nouveau propriétaire de Volvo de donner sa vision sur sa belle acquisition. «Je vois Volvo comme un tigre», a déclaré Li Shufu avant de poursuivre : «le tigre appartient à la forêt, il ne peut pas être mis dans un zoo, dans un tout petit enclos. Nous devons libérer ce tigre». L'allusion ici est faite à la taille critique que devrait atteindre la marque suédoise en se développant notamment sur le premier marché mondial (la Chine). Pour rappel, Volvo n'avait plus dépassé les 460.000 véhicules produits qu'il avait atteint en 2007 (avant la crise), avant de voir son volume annuel baisser à 374.300 en 2008, puis 334.800 l'an passé. Un volume inférieur à celui des rivaux allemands (Mercedes, BMW, Audi) qui dépassent le million depuis un bon moment. Quant à la question de savoir pourquoi la vente de Volvo à Geely, que Ford avait «retenu» depuis octobre dernier, a tant «traîné», la réponse se situe du côté suédois où plusieurs points devaient être étudiés et négociés. À commencer par l'aval des syndicats de Volvo, lesquels étaient très réticents initialement. D'abord pour ce qui est des effectifs et des sites de production, ensuite s'agissant des brevets. À ce niveau, Li Shufu a tenu à tranquilliser. «Nous sommes décidé à préserver l'identité de Volvo» a-t-il déclaré, assurant également que les deux usines européennes de Volvo (en Suède et en Belgique) resteront opérationnelles. Parmi les autres interrogations qu'il faudrait évoquer au lendemain de cette vente, il y a celle de voir comment pourrait évoluer la marque Geely qui est actuellement dixième constructeur automobile (100%) chinois, sur la base de ses ventes en 2009. Fort de ce rachat, le constructeur chinois prévoit d'augmenter ses ventes totales de 23% en 2010 à environ 400.000 unités, puis surtout de profiter du savoir-faire du suédois, notamment en matière de sécurité. Enfin, la prise de contrôle effective de Volvo ne devrait intervenir qu'à partir de juillet. Une période qui coïncidera avec le lancement d'une nouveauté très attendue pour le label suédois, la nouvelle S60.