Aussi fort soit-il, un constructeur automobile peut avoir un succès grisant dans un segment et en même temps, essuyer un cuisant échec dans un autre. C'est curieux et c'est pourtant le cas de Volkswagen, qui n'a pas réussi à installer la Phaeton parmi les limousines, alors qu'il a fait de la Passat «LA» référence de son segment. Une succes-story que devrait perpétuer la nouvelle génération de cette dernière qui, par sa stature, semble vouloir jouer dans la cour du segment supérieur, celui des routières. Toujours aussi consensuelle Conservatisme, quand tu nous tiens ! À l'image du modèle sortant, la nouvelle Passat avance une plastique bien sage et à l'opposé du vent folichon qui souffle, esthétiquement parlant, sur certaines productions du même segment. On pense notamment à l'Opel Insignia et même à une certaine Passat CC. Face à ces berlines d'un nouveau genre, la nouvelle Passat oppose un profil droit et des lignes carrées, à l'image de celles qui dominent sa face avant. On y découvre une large calandre horizontale séparant deux blocs de phares droits que seules des diodes, situées en coin, viennent égayer. Tout aussi «sérieux», le traitement de la partie arrière évoque, lui aussi, la Phaeton par ses feux longilignes et débordant sur les ailes, alors que sa malle reste… droite. C'est peut-être cette forme qui fait que le volume du coffre a sensiblement progressé, passant de 520 à 565 litres. Une prouesse, lorsqu'on sait que cette nouvelle mouture a quasiment conservé les dimensions de l'ancienne, soit 4,769 mètres de longueur pour une largeur de 1,82 m (hors rétroviseurs). Un intérieur de déjà-vu Oui, déjà vu ! Mais pas chez les autres. De mémoire de journaliste automobile, jamais une VW n'a copié la concurrence. En revanche, lorsqu'on monte à bord de cette Passat, septième du nom, on reconnaît aussitôt la planche de bord d'une certaine Passat CC, ce qui n'est d'ailleurs pas critiquable. C'est cela la force du Groupe Volkswagen. Et puis, pourquoi vouloir faire autrement ce que l'on fait déjà bien, voire mieux que les autres ? L'allusion est ici faite à la qualité des matériaux et à leurs assemblages : une référence en la matière. On apprécie également certains détails pratiques, qui font que cette berline a été bien pensée. C'est le cas des pares-soleil avant pouvant coulisser sur les côtés, ainsi que la possibilité de rabattre les dossiers de la banquette depuis le coffre, via des poignées. Ceci étant, seul un détail distingue directement le poste de conduite de cette Passat, par rapport à la version CC : la présence d'une horloge analogique en haut de la console centrale. Une attention du plus bel effet et qui sied parfaitement à la montée en gamme affichée par ce modèle, lequel joue résolument aux grandes berlines. Le choix du moteur unique Pourtant, il ne faudrait pas trop se leurrer. Cette nouvelle Passat est, au-delà de toutes les apparences, une familiale ou une berline du segment M2 comme on dit dans le jargon. Qu'on le veuille ou non, ce n'est pas une grande routière. La preuve est à chercher sous son capot qui se contente d'un 2.0 litres TDI de 140 chevaux de puissance et de 320 Nm de couple. Ce n'est pas peu, mais pas non plus le pedigree d'une Audi A6, d'une Mercedes Classe E, ou d'une Honda Legend pour citer un modèle généraliste. Chez VW, on insiste sur les nouveaux arguments de ce bloc éprouvé et, en particulier, une consommation revue à la baisse (jusqu'à 18%), soit 4,6 l/100 km en cycle mixte. Merci au travail des ingénieurs, ainsi qu'aux transmissions de dernière génération (boîte manuelle à 6 vitesses et automatique DSG à 6 ou 7 rapports). Où est l'équipement high-tech? Une autre grande déception arrive au niveau des sophistications embarquées. Car en Europe, cette nouvelle Passat peut disposer d'une kyrielle de gadgets high-tech, dont un système de freinage automatique (y compris en ville), un détecteur de panneaux de signalisation, une aide au stationnement mains-libres (Park Assist), une caméra de recul et même un système unique au monde d'ouverture du coffre par une simulation de «coup de pied» (système Easy Open)… Excusez du peu. Et justement, hormis un détecteur de fatigue, rien de tout cela n'a été retenu par l'importateur marocain ! Cela n'empêche pas la nouvelle Passat d'offrir une dotation au diapason et largement conforme aux attentes de la clientèle ciblée. Le niveau de base, dit «Trendline», intègre notamment la climatisation manuelle, le régulateur de vitesse, l'autoradio CD/MP3 à 8 HP et connexion AUX, le démarrage par bouton poussoir, le frein de stationnement électrique (avec fonction Auto-hold), la boîte à gant réfrigérée, ainsi qu'un arsenal sécuritaire complet (ABS avec EBD et BAS, ESP avec antipatinage ASR, 6 airbags…). Tout un ordinaire que la finition «Confort» améliore en ajoutant principalement la climatisation à régulation automatique, des jantes alu de 16'', l'allumage automatique des feux, le capteur de pluie, l'éclairage de parking temporisé (le «follow me home») et une alarme périmétrique. Quant à la livrée la plus chic (Highline), elle se veut nettement plus embourgeoisée. Visuellement d'abord, par sa sellerie mêlant cuir et Alcantara, ainsi que ses inserts en bois et en aluminium. Ensuite, du fait de quelques «plus» comme les sièges avant chauffants, des jantes de 17'', le détecteur de crevaison et les phares directionnels. Sur un plan purement marketing, tout laisse penser que ces trois configurations d'équipement ont été étudiées pour faire de la Passat une offre sous-jacente à la Passat CC qui, elle, cible une clientèle plus jeune et moins conformiste. Un constat qui se vérifie pleinement, lorsqu'on jette un coup d'œil sur la grille tarifaire. Alors que la Passat CC est accessible à partir de 349.000 DH, la nouvelle Passat «normale», elle, démarre ses prix sous la barre des 300.000 DH et plafonne à moins de 375.000 DH. C'est tout simplement très compétitif.