Le secteur agricole est manifestement redevenu attrayant au point de susciter l'intérêt des opérateurs et le large débat. On se rappelle du débat d'il y a deux ans au moment de réinstaurer l'impôt agricole. Cette année, conjoncture oblige, c'est au tour de l'assurance agricole d'occuper les devants de la scène, voire de susciter l'engouement des opérateurs. C'est en tout cas ce que la Fédération marocaine des assurances (FMSAR) fait clairement savoir dans un communiqué officiel rendu public dimanche 24 janvier dans la mi-journée. Dans son annonce, la fédération affirme d'emblée que «d'autres acteurs vont manifester, dans les plus brefs délais, leur volonté de signer des conventions similaires» à celle signée, mercredi 20 janvier, avec Saham Assurance. Les responsables de la fédération mettent en avant «l'expérience accumulée par la Mamda, le succès qui s'en est suivi et la demande sur ces produits qui ne cesse d'augmenter de la part des agriculteurs». Pour rappel, la convention relative à l'assurance agricole signée en 2011 entre le ministère de l'économie et des finances, celui de l'agriculture et de la pêche maritime et la Mamda a permis d'améliorer nettement la couverture du secteur contre les risques climatiques puisque, selon les derniers chiffres officiels du ministère de l'agriculture, un million d'hectares sont couverts à ce jour. Mais, estime-t-on auprès du même département, «cette superficie est encore insuffisante surtout devant les aléas climatiques qui risquent de devenir récurrents». Raison pour laquelle l'Etat n'a jamais cessé d'appeler les assureurs à s'y engager. D'ailleurs, pas plus tard que vendredi 22 janvier, le ministère de l'agriculture a adressé une nouvelle correspondance à la FMSAR où il rappelle que le secteur de l'assurance agricole est bel et bien ouvert à toutes les compagnies et invite les membres qui le souhaiteraient à rejoindre la Mamda et Saham Assurance. Un élargissement qui ne pourrait faire que du bien aux règles de la concurrence dans le secteur. Il permettrait aussi et surtout d'étendre rapidement les superficies couvertes au grand bénéfice, in fine, des agriculteurs. Du côté de Saham Assurance, il est expliqué que la compagnie «a pris l'initiative de proposer une convention similaire à celle signée avec la Mamda mais en intégrant plusieurs nouveaux avantages comme la baisse du coût de la réassurance de 40 millions DH par an ou encore l'élargissement de la distribution de ce produit en s'appuyant sur le réseau de Saham Assurance qui compte 425 agents». La compagnie indique, en parallèle, que «la subvention pour ce type de produit est destinée à l'agriculteur, dès lors qu'il choisit un assureur conventionné», allusion faite à la subvention de l'Etat qui peut couvrir jusqu'à 90% de la prime. S'en était suivie la signature, mercredi 20 janvier, d'une convention en vertu de laquelle la compagnie devra commercialiser un nouveau produit, baptisé «Taemine Al Mahssol», permettant aux agriculteurs, notamment ceux cultivant les céréales, les oléagineuses et les légumineuses, de bénéficier d'une couverture contre les principaux aléas climatiques, notamment la sécheresse, l'excès d'eau, le gel, la grêle et les vents violents et de sable. Le produit devait être commercialisé à travers le réseau de Saham Assurance à partir du 21 janvier. Mais dans un communiqué rendu public, toujours le dimanche 24 janvier dans la matinée, Saham Assurance a fait savoir sa décision de suspendre momentanément l'application de ladite convention. Le top management de Saham Assurance explique sa décision par son souci de mettre fin à «la polémique infondée engendrée par la signature de cette convention». Saham Assurance a également indiqué qu'elle maintiendrait cette suspension jusqu'à ce que l'ensemble des autres compagnies intéressées par ce produit y adhèrent. A ce titre, il faut rappeler qu'en vertu de la première convention signée en 2011 avec la Mamda, le produit a toujours été ouvert à tous les assureurs de la place. Mais il se trouve justement que depuis la signature de cette première convention, et malgré les appels de l'Etat, aucun assureur ne s'est manifesté pour intégrer le secteur. Aujourd'hui, les choses ont visiblement changé. Et la réponse de la profession à l'appel du ministère n'a pas tardé comme en atteste le communiqué officiel de la FMSAR. Tout porte donc à croire que dans les jours et semaines à venir d'autres compagnies viendront enrichir le dispositif avec de nouvelles offres. Et c'est tant mieux pour notre agriculture…