«Est-ce qu'il est encore possible de faire confiance à Chabat ?», s'interroge un responsable influent de l'Istiqlal à Casablanca. Au-delà des formules de courtoisie et des photos souvenirs échangées entre Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l'Istiqlal, et Abdelouahed El Fassi, leader du courant contestataire «sans répit» (Bila hawada), la réconciliation officialisée entre les deux hommes à l'occasion des festivités du 11 janvier fait des mécontents, beaucoup de mécontents à la fois dans le clan de Chabat et celui de Abdelouahed El Fassi. «Nous avons appris la réconciliation comme tout le monde par le biais de la télévision et la presse», annonce Anas Bensouda, l'une des figures du courant Sans répit. «Nous avons évoqué la question de la participation ou non aux festivités du 11 janvier au cours du conseil national de Bila hawada. Nous avons conclu par la suite que les membres du courant avaient la possibilité d'y participer mais à titre personnel. D'ailleurs, aucune décision officielle de la part des instances du courant, en l'occurrence le conseil national, n'a été prise concernant la réconciliation», ajoute la même source. En effet, mis à part Abdelouahed El Fassi, aucune autre figure de Bila hawada n'a pris part à la cérémonie. «Une absence voulue pour exprimer une position par rapport au revirement», précise notre interlocuteur. M'hamed El Khalifa, Mohamed Louafa, Latifa Bennani Smirès, Anas Bensouda et bien d'autres ont brillé par leur absence. Seul Nizar Baraka était présent selon nos sources mais il a évité les flashs des caméras.
Pas de répit Alors que les observateurs de la scène politique s'attendaient à un certain répit au sein du parti de la balance à l'approche des élections, les sorties médiatiques de nombreuses figures de part et d'autre montrent que la hache de guerre est loin d'être enterrée entre les deux clans rivaux. «Notre premier souci concerne la ligne de conduite par le parti aujourd'hui caractérise par le flou total. Ceci peut bien se répercuter sur les résultats du parti lors des prochaines Législatives», explique la même source istiqlalienne à Casablanca. Anas Bensouda va encore plus loin. «Nous voulons comprendre aujourd'hui comment notre courant s'est opposé à Chabat lorsque ce dernier avait tout le monde de son côté puis venir aujourd'hui nous jeter dans les bras de l'actuel secrétaire général à un moment où il est de plus en plus isolé», dit-il. Cela nous ramène à parler de la nature du deal conclu entre Chabat et El Fassi. «Les termes de l'accord restent pour le moment secrets mais il semble que Chabat se dirige vers un deuxième mandat à la tête de l'Istiqlal. En contrepartie, une probable participation au prochain gouvernement et la répartition des portefeuilles ministériels seront négociées en prenant en compte les intérêts de chaque partie», affirme cet Istiqlalien rompu aux méthodes de gestion de l'Istiqlal. Un autre scénario est envisageable avec notamment le départ de Chabat du secrétariat général lors du prochain congrès de l'Istiqlal prévu après les Législatives, mais en s'assurant d'un quota pour ses partisans dans toutes les instances du parti. Tout dépendra, en effet, des résultats de l'Istiqlal dans le prochain scrutin. «Encore faut-il que Chabat tienne tous ses engagements», rappelle notre source. De son côté, Anas Bensouda remet en cause toute la démarche. «Je pense personnellement qu'il n'y aurait pas dû y avoir de réconciliation sans des conditions politiques et organisationnelles claires», déclare-t-il. Il faut dire que la position des membres du courant Bila hawada reste encore floue au sein de l'Istiqlal puisqu'ils ne sont membres d'aucune instance officielle du parti, du moins pour le moment...