Les déclarations fracassantes de la Fédération nationale du Conseil et de l'Ingénierie sur l'exclusion des professionnels de l'ingénierie du processus réglementaire en gestation sur l'urbanisme ne laissent pas indifférents les responsables du ministère de l'Habitat. Le projet de loi sur l'Urbanisme suscite une polémique chez certains professionnels du secteur. Les ingénieurs du bâtiment, par la voie de leur fédération, s'estiment marginalisés (voir notre édition du 14/04/2004). Au ministère de l'Habitat et de l'urbanisme, le ton est catégorique : aucun acteur du secteur n'est marginalisé. Les responsables du département de M. Hjira tiennent, dans ce cadre, à éclaircir un certain nombre de points qu'ils estiment erronés. Ainsi, et concernant le supposé refus de dialogue avec les représentants des ingénieurs, un haut responsable indique que le ministère a bien invité le président de la FMCI à trois reprises pour concertation bien avant les évènements d'Al Hoceima. Le problème, souligne-t-on, c'est que contrairement a ce qu'affirme M. Benyahia, c'est lui qui n'a pas donné suite à ces multiples invitations, indique t-on au ministère. Ce dernier ne s'est pas présenté au premier rendez-vous pour cause de pèlerinage à La Mecque. Un deuxième rendez-vous a été fixé pour le 22 mars à 10h00. Encore une fois, ajoute-t-on, M. Benyahia ne s'est pas présenté sous prétexte qu'il n'a pas été avisé par son collaborateur. Un troisième rendez-vous a été fixé pour le 5 avril. Mais ce rendez-vous a été annulé quelques jours auparavant pour cause de tenue du conseil des ministres. Voilà pour la forme. Sur un autre registre, on tient a préciser, au ministère, que le texte (objet de cette polémique) n'est pas un nouveau texte de loi. Ce sont des amendements introduits dans le projet de loi sur l'urbanisme qui date de 1992. Suite au discours de SM le roi le 25 février, le département de l'Habitat s'est employé à combler les failles existantes. Un travail qui s'est déroulé dans une extrême urgence : 7 jours ouvrables avant de soumettre les modifications au gouvernement. Ouvrir la porte à tous les acteurs du secteur pour concertation étatit tout simplement impossible. Malgré l'urgence et la difficulté matérielle d'associer tout le monde à ce travail, le directeur central de l'urbanisme, Mohamed Malti, s'est entretenu avec les architectes mais aussi avec les ingénieurs via le FMCI. Par la suite de quoi, cette dernière a adressé un document de cinq pages contenant une série d'observations. Et le ministère a effectivement pris en considération deux amendements dans la mouture présentée dernièrement. Sur le fond, on explique que le ministère connaît suffisamment les attentes des acteurs du secteur. «Ce n'est pas lors d'un travail réglementaire que le département va découvrir ce que veulent les professionnels du secteur», indique un haut responsable. Au-delà d'un simple désaccord de forme, «Il faut comprendre que l'objet de ces réformes s'inscrit dans une logique responsabilisation et la professionnalisation de l'ensemble des intervenants dans le secteur de l'habitat, notamment les professionnels de l'ingénierie» explique Taoufiq Hjira, ministre de l'Habitat. Pour lui, la plaidoirie des ingénieurs est intéressante dans la mesure où elle ouvre justement le chantier de l'organisation professionnelle des bureaux d'études. Concernant les observations émises par le FMCI, on estime que les ingénieurs ont gagné dans les nouvelles modifications ce qu'ils réclamaient depuis plus de 15 ans. On en veut pour preuve, le nouvel amendement relatif au cahier de chantiers stipule que la signature de l'ingénieur est obligatoire pour la validation de ce document, pièce maîtresse dans le nouveau dispositif mis en place. «Parler de marginalisation dans ce contexte revient à déformer la réalité», conclut le ministre.