Si au Maroc 1 couple sur 8 souffre d'infertilité, la société a tendance à mettre tout sur le compte des femmes. Et pour cause ! La toute récente enquête menée par la Société marocaine de médecine de reproduction (SMMR) et présentée jeudi 25 juin à Casablanca est révélatrice à plus d'un titre. Elle démontre que si 40% des couples sondés ne connaissent pas les raisons de leur infertilité, ce sont presque toujours les femmes qui restent les principales pointées du doigt. Machisme ou culpabilisation gratuite, le sondage fait ressortir que les problèmes d'infertilité dans le couple seraient dus à 93% aux femmes, tandis que les hommes n'en seraient responsables qu'à hauteur de 7% ! Cette étude a été effectuée du 6 au 18 juin par l'institut Averty, auprès de 1.034 couples de 25 à 45 ans et dans 40 villes couvrant les 16 régions du Royaume. Les résultats sont alarmants: 12% des couples sondés souffrent d'un problème d'infertilité. Ils sont plus d'un tiers (34%) à attendre un enfant depuis plus de trois ans. Notons à ce sujet que la moyenne d'âge du premier enfant chez les Marocaines est de 32 ans, ce qui constitue un réel problème, sachant que la fertilité décline rapidement avec l'âge. Et pour mesurer la gravité de la situation, prenons le cas d'un couple dont la femme a 30 ans et aucun problème de fertilité, les chances pour concevoir un enfant ne sont que de 20% par mois. À 40 ans, cette probabilité tombe à 5%. Il faut aussi relever la diminution de la qualité du sperme. Les hommes perdraient 2% de la qualité spermatique chaque année. Ces données montrent que les couples souffrant d'infertilité doivent agir au plus vite en consultant un spécialiste. Ce qui n'est malheureusement pas le cas pour un grand nombre d'entre eux. En effet, près d'un tiers des couples interrogés (31,6%) n'ont pas consulté de médecin spécialisé et 34% ignorent l'existence de traitement contre l'infertilité. Ils sont tout de même 60,7% à savoir que des traitements sont disponibles. Cela dit, 40 % d'entre eux sont convaincus que ces traitements n'existent pas au Maroc. Autre constat alarmant : près de 80% des personnes interrogées ne connaissent pas l'existence de la fécondation in vitro (FIV). Quant à ceux qui ont connaissance des traitements, 51% estiment qu'ils sont onéreux. L'infertilité n'est pas sans dégât sur la vie de couple. L'anxiété, la dépression, l'isolement, les problèmes sexuels, les conflits conjugaux ainsi qu'une faible estime de soi en sont les principales conséquences. Près de la moitié (43%) des sondés indiquent souffrir de dépressions et évoquent des conflits conjugaux et des risques de divorce. Le phénomène s'explique principalement par l'absence de dialogue et le tabou que constitue encore l'infertilité au sein de notre société. Ainsi, plus d'un tiers des personnes infertiles (37%) expliquent ne pas être en mesure d'évoquer le sujet à leur entourage.