La menace du boycott brandi par l'opposition a fini par payer. Le ministre de l'intérieur, Mohamed Hassad, a reçu les secrétaires généraux des principaux partis de l'opposition parlementaire. L'unique et seul point à l'ordre du jour de cette rencontre portait sur les textes électoraux. Pour rappel, les députés de l'Istiqlal (PI), du Parti authenticité et modernité (PAM), de l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et de l'Union constitutionnelle (UC), s'étaient retirés des travaux de la commission parlementaire permanente de l'Intérieur, des collectivités locales et de la politique de la ville à la première Chambre, en guise de protestation la semaine dernière. Hassad a, semble-t-il, obtenu le feu vert pour «éteindre le feu» avec l'opposition. Dans une conférence de presse organisée au siège du parti de l'Istiqlal quelque temps avant cette rencontre avec le ministre de l'intérieur, les quatre partis de l'opposition ont voulu expliquer devant les médias leurs positions mais également leurs critiques vis-à-vis de la gestion gouvernementale pour le dossier des élections de 2015. La conférence a connu la participation de Hamid Chabat, secrétaire général du PI, de Mustapha Bakkoury, secrétaire général du PAM, de Driss Lachgar, premier secrétaire de l'USFP, et Mohamed Abied, secrétaire général de l'UC. Prenant la parole, Hamid Chabat a comme à son accoutumée ouvert le feu sur le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. Le numéro un de l'Istiqlal a, dans ce sens, accusé Benkirane de «manquer de sérieux» dans la gestion d'un dossier aussi crucial pour le pays que celui des prochaines échéances électorales. Il a aussi critiqué le fait que le chef de gouvernement n'use pas de toutes les prérogatives qui lui ont été octroyées par la nouvelle Constitution de 2011. De son côté, Mustapha Bakkoury a fait savoir que la méthodologie poursuivie par le gouvernement concernant la préparation des projets de lois électorales «n'est pas à la hauteur». «Il n'y a pas eu de dialogue, sans parler du contenu même des projets de lois électorales sur lequel nous avons déjà pris une position. Et nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs puisque certaines composantes de la majorité elle-même s'y opposent», a affirmé Bakkoury. Et de conclure: «J'espère que le gouvernement et sa majorité vont se ressaisir et assumer leurs responsabilités que ce soit au Parlement ou en dehors du Parlement». Driss Lachgar a parlé, quant à lui, d'une véritable crise au sein du Parlement. Selon le premier secrétaire de l'USFP, «la cause de cette crise est due au fait que le gouvernement ne s'adresse qu'à sa majorité et que cette dernière veut monopoliser la parole en diffusant deux discours. Le premier est celui du gouvernement et le deuxième celui de l'opposition». «Nous avons voulu passer un message clair à travers notre retrait des travaux de la commission de l'Intérieur. Tant que le gouvernement aura une approche hégémonique, l'opposition le laissera seul avec sa majorité décider du sort des prochaines échéances», a-t-il déclaré. Reste à savoir si l'opposition après sa rencontre avec le ministre de l'intérieur va reprendre le travail au sein des commissions parlementaires. Pour cela Hassad doit sortir les grands arguments pour les convaincre, même si la mission paraît d'ores et déjà difficile sachant que le PI et l'USFP veulent que les élections soient supervisées par une entité indépendante.