La 9ème édition du Forum pour le développement de l'Afrique bat son plein. Tenue cette année du 12 au 16 octobre dans la cité ocre sous le thème «Des modes de financement innovants pour la transformation de l'Afrique», la rencontre réunit près de 800 personnalités dont des chefs d'Etat et de gouvernement, ministres, hommes d'affaires, experts et représentants de la société civile. Ainsi, placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, cette 9ème édition se veut un espace de dialogue autour des questions relatives aux mécanismes de financement novateurs du développement dans le continent. Aussi, initiée pour la première fois en dehors d'Addis Abeba par la CEA, cette rencontre témoigne de nouveau «de la confiance placée par les organisations internationales dans le Royaume et dans sa capacité à jouer un rôle stratégique pour le développement du continent africain en raison de sa stabilité politique et sa dynamique économique», selon le ministère de l'économie et des finances. À ce titre, intervenant lundi, lors d'une conférence sur «le rôle des envois dans le financement du développement de l'Afrique : leçons apprises de l'Afrique du Nord (CEA-ESCWA)» organisée en marge du Forum, Anis Birou, le ministre chargé des marocains résidant à l'étranger et des affaires de la migration, n'a pas manqué de signaler que «les marocains du monde doivent contribuer au développement de leur pays d'origine, à travers le renforcement de l'investissement». Pour lui, «les MRE, qui éprouvent là où ils sont leur amour et leur attachement à la mère patrie, doivent investir davantage au Maroc». Il a précisé, à cet égard, que le Royaume offre un cadre institutionnel et juridique propice pour attirer les investissements des Marocains du monde qui atteignent les 5 millions et se concentrent essentiellement dans l'Union européenne avec plus de 85%. «Le transfert des financements n'est pas un objectif en lui-même, parce qu'il minimise le rôle que nous voulons et attendons de nos émigrés. Nous voulons que ces transferts soient volontaires et que nos émigrés soient convaincus de la nécessité d'investir dans leur pays d'origine», a précisé M. Birou, se réjouissant de l'apport des trois générations des émigrés dans le développement du pays aux niveaux économique, financier et culturel. Pour sa part, Mona Essam Fayed, professeur à la Faculté d'économie et des sciences politiques à l'Université du Caire, a indiqué que les transferts des Egyptiens résidant à l'étranger font partie des rares transferts qui n'ont pas subi la conjoncture politique morose qu'a connue l'Egypte ces trois dernières années, précisant qu'ils se sont chiffrés à 20 milliards de dollars en 2013. Mme Fayed, qui a déploré que l'économie égyptienne ne bénéficie pas de ces transferts qui passent en grande partie par des canaux informels, a souligné l'importance de faciliter l'accès des émigrés aux services bancaires en Egypte, de créer de nouveaux services qui leur sont dédiés, de réduire leur coût et d'utiliser les nouvelles technologies à bon escient. «En dépit de leur volume important, les transferts des émigrés africains à leurs pays d'origine ne sont pas suffisamment employés dans les projets de développement», a relevé, de son côté, le secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), Abdallah Hamdok. Cet emploi positif des transferts se heurte à certains défis, notamment la faiblesse de l'infrastructure bancaire et l'inefficacité des législations nationales en la matière, a-t-il précisé appelant les pays africains à faciliter et réduire le coût de ces opérations. Pour sa part, Khaled Hussein, consultant économique à la Commission économique et sociale de l'Asie occidentale (ESCWA), a indiqué que les transferts des MRE représentent 7% du PIB, classant le Maroc en 3ème position dans la région MENA après l'Egypte et le Liban. Il a souligné l'importance de ces transferts qui sont employés dans des secteurs vitaux comme la santé et l'enseignement, déplorant l'absence en Afrique de stratégies et politiques nationales claires d'accompagnement des transferts des émigrés. M. Hussein a aussi regretté que les infrastructures institutionnelles et financières conçues pour encourager les transferts des émigrés africains soient relativement faibles. Avec MAP