ALM : Quelles sont les raisons qui vous poussent à vous lancer dans cette aventure (ndlr : traversée à la nage entre l'Egypte et l'Arabie Saoudite) ? Hassan Baraka : Je suis un grand passionné de sport et des défis sportifs extrêmes. Lorsque je me lance dans une aventure comme celle-là, mon premier objectif est de mettre en avant une performance sportive marocaine sur la scène mondiale de la natation en eau libre. Cette performance n'a pas été réalisée auparavant par un de mes compatriotes ni par un nageur du monde arabe et islamique. Cette expédition «Moroccan Swim Around The World» (MSATW) a comme objectif principal la transmission d'un message de protection de l'environnement et de préservation des océans et du littoral. Durant chaque étape, l'équipe organise une rencontre avec des enfants sous le thème «Kids and Ecology» afin de transmettre aux prochaines générations à travers le monde la conscience écologique pour préserver notre planète. Nous réalisons dans la mesure du possible avec les enfants des pays visités un nettoyage des plages. Pour finir, le troisième axe du projet est celui de la promotion du Maroc. Mon équipe et moi profitons de nos déplacements sur les cinq continents pour faire connaître nos coutumes et traditions marocaines. Par la même occasion, nous apprenons beaucoup sur l'échange culturel avec les locaux. Comment vous êtes-vous préparé pour ce défi ? Je ne peux envisager de me lancer dans un tel défi sans être prêt, physiquement et moralement. Pour cela j'ai dû m'entourer de compétences hors du commun pour pouvoir mener ce projet exceptionnel. Ma monitrice Serrana Fernandez (nageuse professionnelle uruguayenne ayant participé aux Jeux Olympiques de Sydney 2000 et Athènes 2004 où elle a été le porte-drapeau de son pays), me prépare minutieusement des entraînements journaliers. Actuellement, je nage entre 8 et 10 km par jour en plus d'une séance de renforcement musculaire par jour. La préparation ne s'arrête pas, car je dois aussi être prêt mentalement pour surmonter le stress, l'anxiété, l'angoisse et plusieurs aspects psychologiques. Pour résumer, c'est un défi qui regroupe plusieurs challenges, mais qui, à base de volonté, persévérance et beaucoup de travail est en train d'être accompli, et on réussira à le finir, j'en suis persuadé. Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés lors de vos traversées ? Pour répondre à cette question, je dirais qu'il est important de souligner que la nage est effectuée en eau libre, c'est un milieu différent de la piscine où l'on contrôle la plupart des éléments. En eau libre et en l'occurrence en mer, nous ne dépendons pas de nous, mais de Mère Nature. Tout ce que l'on peut faire c'est s'entraîner et mettre au vert tous les voyants des aspects qui nous concernent, mais nous ne pouvons contrôler ni les courants ni la météo, c'est donc important d'être patient et de respecter la nature et ses caprices. Chaque traversée a sa particularité : la première entre l'Espagne et le Maroc fut compliquée à cause des forts courants du détroit de Gibraltar. À chaque minute d'arrêt pour me ravitailler, je perdais 300-400 mètres, il fallait donc s'arrêter le moins de temps possible. Lors de la deuxième traversée entre l'Asie et l'Europe j'ai bénéficié d'un courant favorable me poussant vers l'autre rive, mais j'ai dû esquiver plusieurs méduses des eaux du Bosphore. La troisième traversée entre la Russie et les Etats-Unis a été la plus extrême car j'ai dû nager dans une eau entre 4 à 6 degrés. Je m'étais sérieusement préparé tout le long de l'année pour que mon corps puisse supporter cette température. La quatrième traversée entre l'Océanie et l'Asie a été la plus mouvementée, car j'ai eu à faire avec un fort courant défavorable et à plusieurs piqûres de méduses qui m'ont causé des décharges électriques et une paralysie partielle de mes membres. Quelle est la prochaine étape ? La prochaine étape est la 5ème traversée et dernière du projet MSATW, elle aura lieu entre l'Egypte et l'Arabie Saoudite ayant pour objectif de rallier l'Afrique à l'Asie. Le départ est prévu de la ville de Dahab pour arriver à Magna. La traversée se fera entre 6 et 7h, peut-être le 20 octobre 2014, après avoir nagé entre 20 et 25 km.