«Masmiytich Azzi». «Je ne m'appelle pas Azzi». C'est sous ce slogan si bien recherché et si bien trouvé que va démarrer ce vendredi 21 mars une campagne nationale contre le racisme au Maroc et qui va durer jusqu'au 20 juin. Je trouve que le jour choisi pour lancer cette si belle action est fort fortuit. C'est le début du printemps et quelle saison aussi belle pour demander à aimer son prochain même celui venant de loin, et lui souhaiter la bienvenue chez nous, c'est-à-dire chez lui ! Je vois d'ici certains esprits tordus ou nihilistes ricaner pensant que ce n'est pas parce qu'on se marre de la couleur de peau des autres, de leurs langages ou de leurs plumages que c'est du racisme. Et c'est quoi alors, petits esprits qui vous croyez supérieurs aux autres ? C'est du «colorisme», ça? En vérité, il faudrait qu'un jour nous décidions, tous et toutes, de nous regarder dans un miroir collectif, et que nous ayons le courage de faire notre autoportrait. Ce que nous allons voir ne va sans doute pas nous faire plaisir, mais il va au moins nous permettre de nous mettre enfin dans notre petite cervelle que nous ne sommes ni une espèce parfaite, ni un peuple unique, ni une tribu homogène, ni même un groupe «spécifique», mais que, bien au contraire, nous sommes, pour la plupart très imparfaits, très communs, très différents et surtout très pluriels. Il y a parmi nous des grands, des petits, des minus, des gros, des maigrichons, des difformes, des chauves, des aux cheveux crépus, des aux yeux bridés, des même aux yeux bleus, verts ou gris, et, enfin, j'y arrive, des pas tout à fait blancs ou des pas tout à fait noirs, mais aussi, des… bien noirs, des tout noirs bien de chez nous. Eh oui, ce n'est pas parce qu'aujourd'hui plus qu'hier et probablement bien moins que demain, nous recevons, un peu malgré nous et un peu malgré eux, des «gens de couleur» que nous allons nous la jouer «occidentaux». Oui, je parle bien de ce que nous appelons si pudiquement des «Subsahariens». Combien de fois j'ai entendu le terme «envahis» dans la bouche de mes proches, y compris ceux que je pensais plus «ouverts» car plus instruits ?!? Ces gens-là ont vraiment la mémoire courte. Car ce sont souvent les mêmes qui, hier encore, étaient outrés ou même criaient leur colère contre Le Pen, ce mec minable et détestable qui demandait - et qui demande toujours via sa Marine de fille - «qu'on renvoie tous les immigrés chez eux» ! Tiens ! Tiens ! L'histoire est marrante, n'est-ce pas ? A chaque fois qu'elle fait tourner sa roue, elle nous rend amnésiques. « Azzi », disent-ils ! Vous savez, les vrais « Azzis » ne sont pas ceux que vous croyez, mais bien ceux qui ont une âme noire et, ceci expliquant peut-être cela, un tout petit cerveau I Ce sont des tarés, des imbéciles, des idiots, quoi ! Parce qu'on ne peut pas être un être censé, avec une jugeote, et penser une seconde être supérieur aux autres, avec comme seul argument : la couleur. Et d'ailleurs pourquoi les blancs seraient-ils mieux que les noirs ? Et qu'en est-il, des rouges ou des jaunes ou des violets? Je ne crois pas qu'on naît raciste, mais on le devient quand personne ne nous aide à en échapper. C'est Robert Sabatier qui a dit cette phrase si juste et si pertinente : «Le racisme est une manière de déléguer à l'autre le dégoût qu'on a de soi-même». Voilà. Je crois qu'après avoir dit ça, j'ai tout dit et je n'ai plus rien à dire. Je voudrais quand même avant de finir, souhaiter un très bon week-end à tous et à toutes les antiracistes, c'est-à-dire à tous les gens intelligents. Quant aux autres… Un dernier mot pour rigoler un peu : on a saisi tellement de cocaïne dans nos aéroports ces derniers jours qu'on pourrait croire que tout ça, c'est juste de la poudre aux yeux.