ALM : Quelle analyse faites-vous du dernier discours royal consacré à l'éducation et la formation ? Larbi Bencheikh : On peut qualifier le discours du 20 août 2013 de tournant historique pour le système d'éducation et de formation, par la perspicacité de la vision et par la volonté inébranlable de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'Assiste, pour sa mise à niveau. Le discours constitue de fait une «feuille de route», qui marque un nouveau départ dans l'intérêt accordé à la jeunesse marocaine par SM le Roi, fervent défenseur des aspirations légitimes des jeunes et de leurs familles. En effet, le Souverain a montré sa détermination à garantir un avenir meilleur à la jeunesse par un enseignement et une formation adéquats répondant aux exigences du marché du travail, et ce, «à travers la mise en place d'un système éducatif efficient». De plus, Sa Majesté le Roi n'a pas manqué de réitérer tout l'intérêt qu'il porte à la formation professionnelle et s'est félicité «des résultats positifs qui ont été enregistrés dans les domaines de la formation professionnelle et technique et de l'artisanat». Il a également demandé d'apporter plus de soutien et d'encouragement au secteur de la formation professionnelle. Nous sommes, à l'OFPPT, très touchés par cette reconnaissance royale des efforts consentis et qui ont permis de multiplier par 6 l'offre de formation depuis 2001, et de l'élargir à l'ensemble des secteurs économiques et des régions. Nous allons poursuivre sur cet élan, notamment à travers la concrétisation des objectifs du Plan de développement qui vise la formation d'un million de jeunes à l'horizon 2016. Le Souverain a également appelé à renforcer l'accompagnement des nouveaux métiers du Maroc par des ressources formées, tels que les métiers liés à la construction automobile, les centres d'appels, l'aéronautique et d'autres encore. Pour notre part, l'OFPPT est partie prenante de la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l'Emergence industrielle ! Sur les 220.000 emplois prévus à l'horizon 2015, une grande part est appelée à être formée par l'OFPPT. Le Souverain a souligné la nécessité d'apporter plus de soutien au secteur de la formation professionnelle. Quelle place doivent occuper les métiers manuels dans le monde du travail ? En effet, le Souverain a appelé à réhabiliter les travaux manuels et les professions techniques, dans leur acception la plus large et à tenir compte, à cet égard, de la place privilégiée que ces métiers occupent désormais sur le marché du travail, comme source de revenu importante et moyen de gagner sa vie dignement. Par métiers manuels, nous entendons toute activité de fabrication ou de réparation d'objets matériels, «artisanal» : plombier, maçon, électricien, mécanicien, menuisier, ébéniste, artisan bijoutier : ces métiers sont largement couverts par l'offre de formation de l'OFPPT et ont tout à fait leur place dans le tissu économique. En effet, les lauréats ont le choix d'intégrer les entreprises ou de se mettre à leur compte, créant ainsi leur propre emploi. L'employabilité n'en est que renforcée. Quel est votre plan pédagogique pour la rentrée 2013-2014 ? Pour la rentrée 2013-2014, l'OFPPT prévoit d'accueillir 340.000 jeunes, formés dans 278 filières et un large réseau d'établissements répartis à travers le Royaume. La rentrée sera marquée par la mise en place de formations dans de nouveaux secteurs tels que la maintenance aéronautique & logistique aéroportuaire, la filière équine, les travaux publics… Plusieurs établissements inédits au Maroc démarrent cette rentrée : l'Institut spécialisé dans les métiers de l'aéronautique et de la logistique aéroportuaire de Nouaceur, inauguré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 11 septembre 2013, l'Institut national du cheval Prince Héritier Moulay El Hassan à Dar Essalam, créé en partenariat avec la Fédération royale marocaine des sports équestres (FRMSE), et l'Ecole de formation aux métiers du BTP de Settat, mise en place en partenariat avec la FNBTP, premier établissement du genre en Afrique dédié à des filières à forte demande telles que conducteurs d'engins, grutiers, maintenance des engins TP, voirie, terrassement… L'OFPPT a également travaillé sur la mise en place de formations nouvelles, en accompagnement des grands projets économiques, notamment le programme Rawaj, les énergies renouvelables et l'environnement et l'industrie automobile dans les régions qui offrent les meilleures opportunités pour le secteur (Casablanca, Tanger et Kénitra). Que faites-vous pour mieux orienter les élèves ? L'OFPPT assure dans tous ses établissements des espaces d'accueil et d'information où des conseillers en orientation accueillent, informent et orientent les jeunes sur les filières les plus adaptées à leur potentialité. Nous ne nous contentons pas d'être une boîte d'enregistrement des demandes des jeunes : nous assurons également le conseil et l'orientation. L'orientation des candidats à la formation est assurée par des conseillers en orientation professionnelles qui accueillent, écoutent, évaluent et orientent les jeunes candidats vers les formations les mieux adaptées à leurs cursus et aptitudes et pouvant leur assurer les plus grandes chances d'insertion professionnelle, y compris dans les lycées, les collèges… et ce, en partenariat avec le MEN et les académies régionales. Globalement, le système d'orientation est construit sur des principes reconnus : d'abord un choix de formation fondé, ensuite une évaluation des aptitudes et des pré-requis scolaires nécessaires à la réussite de la formation choisie, et enfin la sélection et l'orientation sur la base de la correspondance entre critères d'accès à la formation et le profil du candidat. Pour préparer la rentrée 2013-2014 actuellement en cours, nous avons prévu de toucher 450.000 candidats à la formation, contre 172.000 seulement en 2002.