Ce n'est pas monnaie courante, mais le fait est avéré et des représentants de la CGEM, de la CCG et de l'ANMPE se sont unanimement félicités, vendredi à Rabat, de ce que Bank Al-Maghrib ait tendance à sortir de sa réserve pour se mêler de problèmes économiques, financiers et d'apprentissage des métiers de la finance. Réunis à l'occasion de la présentation des nouveaux outils de financement que la banque centrale a élaborés à l'usage de la TPE, des responsables de ces entités ont loué son implication dans des domaines extérieurs à son champ d'action originel - mais d'intérêt général évident- tels que l'observatoire des PME ou le centre de formation aux métiers de la finance. Petite précision : ces louanges ont été formulées au cours d'une conférence de presse donnée par des cadres de la banque autour du thème des nouveaux modes de financement des TPE exportatrices. On y apprend que ces nouvelles procédures ont déjà fait l'objet de 3 appels d'offres pour un encours total de plus de 15 milliards de dirhams. Le 1er a été émis en 2010 pour 2,4 milliards de dirhams que se sont partagé 5 banques, le 2ème a été lancé le 18 mars dernier pour 5 milliards dont 4 ont été servis et le 3ème, dont les effets courent encore et qui intéresse 4 banques, totalise un encours de 8,4 milliards dont 6 ont déjà été distribués. Au total, ce sont environ un peu moins de 16 milliards qui ont été injectés par la banque centrale dans l'économie au profit des petites entreprises. Mais si BAM sait combien elle a déboursé, elle ne sait pas précisément au profit de qui. Interrogés sur ce point par ALM, ses cadres ont reconnu ignorer le nombre des TPE bénéficiaires. Un indice: le prêt moyen a été de 3 millions de dirhams. Et une certitude : toutes les mesures ont été prises pour que l'argent arrive, voire bénéficie au destinataire. Sous-entendu : le scénario d'un détournement des injections au profit des bons du Trésor est exclu. «Car si les prêts aux TPE sont facturés au maximum à 3% d'intérêt aux banques commerciales –le taux directeur-, les emplois non-prescrits paient un loyer de 4,5%». Autre garde-fou, dû à la pratique du marché celui-là : les bons du Trésor sont d'un rapport moindre que l'investissement. Au surplus, dans la partie positive du tableau, BAM a prévu des sortes d'incitation à la production. Si la banque commerciale réalise 100% de ses objectifs, elle a droit à 10% de plus, si elle ne les fait pas, elle est pénalisée. Mais qu'est-ce qu'une TPE? Une question qui n'est pas simple, a estimé Latifa Echihabi de l'ANPME qui s'y est essayée en rappelant les difficultés liées à la définition de ce type d'entreprises. Après moult tâtonnements, on semble considérer que la TPE, c'est ce qui est plus petit que la PME non pas par les postes d'emploi offerts, mais par le chiffre d'affaires. Trois types d'entreprises sont ainsi définies : la petite et moyenne entreprise (entre 10 et 175 millions DH), la petite entreprise (entre 3 et 10 millions DH) et la très petite entreprise (moins de 3 millions DH). C'est ce dernier type d'unités de production qui est au centre du nouveau dispositif. Un dispositif qui refond l'ancien en y introduisant plus d'encouragement aux banques afin de les inciter à augmenter leur encours de crédits. Parmi ses mesures phares : l'extension du programme de refinancement sur une période minimale de 2 ans pour les entreprises et l'allongement de la durée de refinancement des banques à un an renouvelable. Côté champ d'application, c'est aussi l'élargissement avec l'extension de l'éligibilité aux petites entreprises ayant un chiffre d'affaires maximum de 175 millions de dirhams et des crédits inférieurs à 50 millions de dirhams (à l'exception des crédits destinés à la promotion immobilière et aux professions libérales). Dernière pierre apportée à l'édifice, «l'élargissement de l'univers du collatéral éligible au titre de ce dispositif aux bons du Trésor, CD et crédits hypothécaires». Les cadres de BAM le répètent à l'envi: le dispositif n'est qu'un élément d'un ensemble en expansion. En quoi ils ont été soutenus par les représentants de la CCG qui ont mis en évidence les récentes mesures décidées par la caisse afin de garantir les prêts à l'investissement des petites entreprises.