Présente depuis le début de la visite du Roi Juan Carlos au Maroc, tout au long de laquelle elle a transparu en filigrane dès les premiers entretiens sur la relance du partenariat stratégique, la coopération culturelle a reçu mercredi sa part de temps propre dans l'agenda de l'illustre hôte du Maroc. En dépit d'un agenda chargé où les audiences et les séances de travail se sont succédé à un rythme soutenu, le monarque espagnol a tenu à recevoir les recteurs et les présidents d'universités des deux pays qui l'ont informé des résultats de la réunion mixte qu'ils avaient tenue la veille à Rabat. Cette audience qui intervient quelque temps seulement après la fin des travaux de leur 1ère rencontre a été marquée par un discours dans lequel le Roi d'Espagne a dit en quelle importance son pays tient sa coopération culturelle avec le Maroc, l'un des tout premiers pays africains où l'espagnol est pratiqué –6 millions d'hispanophones–, mais où cette pratique comme celle du français est menacée par l'avancée d'autres langues étrangères telles que l'anglais. Les observateurs qui ont suivi avec intérêt cette entrevue n'ont pas manqué de la lier avec les propos tenus par le monarque lors de l'ouverture du forum des hommes d'affaires des deux pays mardi. Juan Carlos Ier d'Espagne y a en effet souligné l'importance de la culture comme moyen de rapprochement entre les peuples et comme vecteur de la coopération économique et commerciale. Il a également fait relever que la coopération culturelle est essentielle au partage des valeurs universelles modernes et qu'elle est indispensable au transfert de la technologie. L'importance de ces enjeux explique que le déroulement de l'audience a été entouré d'une grande solennité. Elle s'est en effet déroulée en présence de nombreux responsables dont le ministre de l'enseignement supérieur, Lahcen Daoudi, le ministre espagnol des affaires étrangères et de la coopération, José García Margallo, le directeur de l'Institut Cervantès, Victor García de la Concha, et le secrétaire général des universités au ministère espagnol de l'éducation, de la culture et des sports, Federico Moran. Plus d'une dizaine de recteurs ont eu la veille de cette audience une séance de travail conjointe en présence de représentants du ministère espagnol de l'éducation, de la culture et des sports et du ministère marocain de l'enseignement supérieur. Ils y ont procédé à «la signature d'un accord d'intentions qui traduit la volonté de coopérer en matière de mobilité universitaire, de doubles diplômes, de collaboration au niveau des agences d'évaluation de l'enseignement universitaire et de suivi». Se félicitant de l'existence de quelque 200 conventions conclues entre les universités en binôme, ils ont cependant appelé à l'institutionnalisation de la coopération culturelle bilatérale et de la recherche dans un cadre plus global. Ils ont invité à la constitution de groupes thématiques de travail sur l'aquaculture, les micro-algues, l'ingénierie, la régionalisation universitaire, la santé, les énergies et le rapprochement des cultures. Ils ont également invité à la création d'antennes d'universités espagnoles au Maroc et à la multiplication des centres d'enseignement universitaire de l'espagnol.