Fidèle aux 24 Heures du Mans depuis la fin des années vingt, Aston Martin a plus souvent tenu le rôle d'animateur que celui de favori. Surclassées en puissance pure par les Ferrari, Mercedes et autres Jaguar, les élégantes voitures vertes ont quand même fini par triompher en 1959. Mais bien qu'elle n'ait pas remporté de victoire, la DBS V8 GTP a marqué à tout jamais l'histoire de la marque aux célèbres 24 Heures du Mans dans les années 70. Préparée par Robin Hamilton et co-pilotée par ce dernier, en compagnie de David Preece et Mike Salmon, l'anglaise avait terminé 17ème du classement général et 3ème dans la catégorie GTP aux 24 Heures du Mans 1977. Hamilton, qui était basé à Staffordshire, était un spécialiste Aston Martin qui avait eu pour idée de courir avec l'une des voitures à moteur V8 en 1974. Pour cela, c'est le numéro de châssis 10.038, sous une forme légèrement modifiée, qui a été retenu. Les premières modifications majeures ont été apportées pour se conformer à la réglementation du groupe 4. Pour Le Mans, l'objectif ultime, cette Aston martin DBS V8 allait être revue sur plusieurs points : la voiture a été développée pour intégrer des culasses modifiées, un arbre à cames révisé, un carburateur Weber et un système d'échappement de course. Les freins sont logiquement devenus plus gros, tout comme les roues plus imposantes. Sous cette forme, le châssis 10.038 couru dans des évènements tout au long de l'année 1975. Pour des raisons financières, et la difficulté de boucler le budget sponsoring, l'édition 1976 des 24 Heures du Mans a été manquée. L'équipe disposait alors de plus de temps pour se préparer pour l'édition suivante. Ce temps a été mis à profit pour tester la voiture à l'usine de Newport Pagnell, et la passer en soufflerie au centre de test indépendant Mira, qui est sollicité par les constructeurs du monde entier. De cette séance en soufflerie, est ressortie une Aston Martin DBS V8 GTP avec une traînée moindre, plus d'appuis et des solutions techniques qui ont, ensuite, été utilisées sur les Vantage de production. En 1977, SAS, qui s'est spécialisée dans l'équipement de sécurité, a décidé de financer le programme, et a même permis à la voiture d'être engagée aux 6 Heures de Silverstone en mai. C'est en catégorie Groupe 5 que s'est retrouvée cette Aston martin, qui portait désormais le numéro de châssis RHAM 001 (Robin Hamilton Aston Martin 001) tant les modifications apportées ont été nombreuses. Pour les 24 Heures du Mans, Mike Salmon a été recruté aux côtés de Hamilton et David Preece. Mike Salmon était alors le dernier pilote à avoir piloté une Aston Martin au Mans, la Project 214 de Peter Sutcliffe en 1964. Les organisateurs avaient autorisé l'Aston Martin à s'engager en catégorie GTP, où la concurrence était plus faible. La course se déroulait bien, jusqu'au moment où les équipes de la firme anglaise ont découvert des fissures sur les disques de frein avant, et un souci avec le différentiel. Le manque de moyens (et donc de pièces) de l'équipe avait contraint les pilotes à se montrer très conservateurs en piste. La ligne passée, Robin Hamilton pouvait savourer sa réussite: il avait réussi à donner tort aux spécialistes qui pensaient qu'à cause de son poids élevé, la DBS V8 était totalement inadaptée pour la course. Hamilton a continué à développer 10038, qui n'a pas été utilisée en 1978, mais était revenue en mai 1979, aux 6 Heures de Silverstone, allégée et remodelée. Elle a été pilotée par Derek Bell, mais des soucis de freins et d'huile, une fois encore, ne permettaient pas un bon résultat final. Au Mans, le V8 s'était montré plus rapide de quelques secondes qu'en 1977, mais dans la course elle-même c'était l'abandon, avec un piston fondu lors de la troisième heure. En 1980, après une dernière course à Silverstone, l'Aston Martin DBS V8 GTP avait décroché un record de vitesse, en tractant à plus de 200km/h de moyenne, une caravane! Prouvant une nouvelle fois que son poids était loin d'être un handicap. Si Aston Martin n'a pas remporté de victoire depuis 1959, il n'en est pas moins un acteur indispensable aux 24 Heures du Mans qui a donné à ses véhicules, depuis 2006, les numéros «007», «008» ou «009» en référence au célèbre agent anglais.