Les pharmaciens vont mal. Sur les 12.500 officines que compte le Royaume, 1/3 d'entre elles est en quasi-faillite et 1/3 est perfusé par les grossistes. Seulement 1/3, soit un peu plus de 4.100 pharmacies, sont rentables. C'est ce qu'a affirmé Abderrahmane Hassouni, pharmacien biologiste à Casablanca, lors du Salon international des professionnels du médicament, Officine Expo 2013, qui s'est tenu les 1er et 2 mars à Marrakech. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi cette profession, autrefois bien portante, est aujourd'hui sinistrée. A commencer par les difficultés pour les pharmaciens d'obtenir des crédits auprès des banques. Lors de son intervention à Officine Expo 2013, M. Hassouni va jusqu'à déclarer que «les pharmaciens sont sur la liste noire au même titre que d'autres professions libérales». Il faut aussi relever que la nouvelle loi sur les délais de paiement auprès des grossistes répartiteurs est loin d'être en faveur des pharmaciens. Rappelons à ce sujet que la loi prévoit des pénalités de retard de 10% exigibles après 60 jours de la livraison des marchandises si aucun délai n'est convenu entre les parties. En revanche quand le délai est fixé, il ne peut dépasser les 90 jours. A ceci s'ajoute la faible consommation en médicaments dans notre pays. Un Marocain dépense 400DH par an en médicaments contre 1.150 DH pour le téléphone. Il est également important de noter que 42% des médicaments vendus en pharmacie ont un PPM inférieur à 30 DH et 70% ont un PPM inférieur à 50 DH. Le prix moyen de vente des médicaments est de 28 DH. La baisse prochaine des prix de plus de 1.000 médicaments sur la base d'un benchmark de 7 pays risque de porter un nouveau coup dur aux professionnels. Selon M.Hassouni, la situation chaotique du pharmacien résulte de la mise en place de mesures qui vont à l'encontre du pharmacien, notamment la TVA pour les pharmacies qui réalisent un chiffre d'affaires (CA) de plus de 2 millions DH. Ce qui constitue un manque à gagner de 48.000 DH annuellement pour une officine qui réalise un CA de 3 millions DH et de 30.000 DH pour une pharmacie d'un CA de 2 millions DH. Pour la sauvegarde des officines, les pharmaciens exigent plusieurs mesures d'accompagnement qui sont à négocier avec le ministère de la santé et celui des finances. Les pharmaciens revendiquent un abattement dégressif sur le chiffre d'affaires (8% CA1 million DH, 6% 1MDH CA2 MDH, 4% CA2 MDH) ainsi que la suppression de la TVA pour les pharmacies dont le CA est supérieur à 2 MDH. Parmi les autres revendications figure l'exonération totale de la plus-value réalisée lors de la vente de la pharmacie en cas de cessation d'activité ou de décès, la création d'une caisse de retraite, l'assurance maladie obligatoire pour les actifs et les retraités ainsi que l'instauration d'un honoraire pharmaceutique en plus de la marge sur les produits. Pour présenter leurs propositions aux deux départements ministériels, les pharmaciens appellent à l'organisation d'un colloque national sur la pharmacie et le médicament avant les Assises sur la fiscalité (prévues pour le mois d'avril 2013) et celles sur la santé ( juillet 2013).