«Nous allons partir en guerre contre les cahiers des charges du ministère de tutelle». Les propos émanent de Mohamed Herrak, secrétaire général du Syndicat national des taxis, affilié à la Confédération démocratique du transport (CDT). Ce dernier ne mâche pas ses mots en qualifiant les nouveaux cahiers des charges proposés et défendus par Aziz Rabbah, ministre de l'équipement et du transport, d'«injustes». La délégation du syndicat s'est même retirée d'une réunion avec le secrétaire général du ministère. «Nous avons pris cette décision pour protester contre les dispositions contenues dans les cahiers des charges qui ne prennent pas en considération la réalité du transport en commun dans notre pays. Nous avons également décidé de rejeter en bloc ces cahiers puisque nous pensons qu'ils devraient générer des problèmes plus qu'ils ne vont en résoudre», explique El Harrak. Mais les syndicalistes ne comptent pas s'arrêter là. De premiers contacts sont noués dans les coulisses pour organiser une grève à l'échelle nationale dans les prochains jours. Une première réunion a eu lieu récemment dans la région de Fès regroupant des professionnels du secteur et des syndicalistes. «Nous comptons organiser une grève simultanée avec les chauffeurs des autocars. Nous espérons également que les chauffeurs des poids lourds vont également se joindre à nous, pour tirer la sonnette d'alarme sur la situation actuelle marqué par de décisions contradictoires», ajoute le secrétaire général du Syndicat national des taxis. Le ministre de tutelle ne devait pas s'attendre à une si mauvaise nouvelle, alors qu'il comptait faire de l'année 2013 une année de réforme dans le secteur. Or, cette réforme est loin de faire l'unanimité parmi les professionnels. Ces derniers ont leurs propres revendications. Ils veulent avant tout que leurs remarques soient prises en considération et que les autres points en suspens soient résolus. Sur ce plan, les revendications sociales occupent une place importante notamment la déclaration à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale). Le principal point de discorde concerne la valeur des cotisations mensuelles. «Le gouvernement doit faire face à une véritable problématique et la manière de faire bénéficier à tous les professionnels de la couverture de la CNSS. Le hic, c'est que certains chauffeurs sont âgés de plus de 50 ans. De même, les cotisations sont disproportionnées par rapport aux capacités financières des professionnels. La solution serait de rendre l'affiliation à la Caisse sociale optionnelle juste pour les intéressés comme ce fut le cas dans le passé», conclut El Herrak. Un nouveau bras de fer entre le ministère de tutelle et les syndicats les plus représentatifs se profile à l'horizon. D'autant plus que le code de la route, toujours très critiqué par les professionnels, n'a pas apporté les résultats escomptés. En 2012, plus de 4.055 personnes ont trouvé la mort sur les routes. Ce bilan fait toujours du Maroc, l'un des pays où les routes sont les plus meurtrières au monde. Protestation Le secteur des transports avait connu une grève au mois d'octobre 2012. Une grève qui avait paralysé les principales gares routières dans les villes du pays. Les professionnels voulaient protester ainsi contre les dispositions du code de la route. L'absence de textes d'application de ce code et le manque de coordination entre les services du ministère et de sécurité ont rendu le quotidien des chauffeurs très difficile. Les syndicalistes dénoncent aussi l'absence d'un dialogue avec le ministre de tutelle, Aziz Rabbah. «Les canaux de communication sont pratiquement rompus avec le ministre. Toutes les réunions se déroulent en l'absence du premier responsable du département», affirme Mohamed Herrak, secrétaire général du Syndicat national des taxis, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT). A noter que les syndicats revendiquent la révision de certaines dispositions de l'actuel code de la route entrées en vigueur en octobre 2010. Polémique Les nouveaux cahiers des charges ont déjà créé la polémique. Les professionnels ont dès le départ dénoncé un manque de concertation. Une série de grèves avait suivi l'adoption de ces cahiers des charges. De son côté, le ministre de tutelle avait affirmé dans une conférence de presse que la réforme devra commencer en 2013 sur les plans juridique, législatif et institutionnel. Le ministère avait également expliqué que le processus de réforme devra déboucher sur un contrat-programme entre le ministère et les professionnels pour la mise à niveau du secteur. Rabbah avait, en outre, annoncé la création d'une agence nationale de réglementation des transports et l'élaboration d'un projet de loi relatif au transport des voyageurs. Des changements vont, par ailleurs, porter sur l'exploitation des agréments. Pour rappel, 75% des agréments ne sont pas exploités directement mais loués à d'autres personnes.