En dépit de l'adoption d'une nouvelle Constitution qui pose les jalons d'un Etat de droit, certains patrons d'entreprises et chefs d'établissements publics continuent à gérer à leur gré les entités qu'ils dirigent sans le moindre respect des libertés syndicales. Tel est le message contenu dans un mémorandum adressé au Premier ministre par l'Union marocaine du travail (UMT). Le Syndicat de Miloudi Moukharik a ainsi saisi le chef du gouvernement pour qu'il intervienne en urgence afin de mettre un terme à cette situation tout en l'appelant à veiller au respect et à l'application sereine des lois. Arguments à l'appui, le secrétariat national de l'UMT a tenu de dresser une liste pas tout à fait exhaustive, contenant les cas de violations des droits des travailleurs enregistrés dans diverses villes du royaume. En premier lieu, figure la ville de Rabat où 3 membres du Bureau syndical de la mutuelle générale ont connu des licenciements et arrêt de travail abusifs de plus de 18 fonctionnaires. Le mémorandum de l'UMT souligne également le cas des minoteries de Meknès-Ouest, dirigées par un parton qui « se considère au dessus de la loi…refusant la réintégration des travailleurs déjà licenciés», lit-on dans le document. Le paradoxe, c'est que 30 responsables syndicaux de cette entreprise font l'objet d'un mandat d'arrêt, ajoute la même source. Idem pour la Société Nationale des Autoroutes du Maroc où le respect du code du travail est aux abonnés absents. Le mémorandum fait également état du licenciement des membres du Bureau syndical de l'UMT et 82 autres responsables syndicalistes à l'échelle nationale. Pour le secrétariat national de l'UMT, la situation des travailleurs de la ville de Taza inquiète à plus d'un titre : fermeture de la société Firdaouss après la création du Bureau syndical et le licenciement de 7 travailleurs pour avoir tout simplement exercé leur droit syndical, sans omettre de citer la fermeture de la société Grantex…. Sur un autre registre, le mémorandum rappelle le combat mené par les employés et fonctionnaires des collectivités locales afin de faire valoir leurs droits. Concernant la société Somaca, les responsables de cette entité industrielle ont tout fait pour exercer une pression acharnée contre l'UMT. S'agissant de la ville de Casablanca, le document de l'UMT met en garde contre la montée de la tension sociale, vu le non respect des lois syndicales dans plusieurs secteurs, notamment la sidérurgie, l'agro-alimentaire, le textile…. Par ailleurs, plus de 750 travailleurs affiliés à l'UMT ont été interdits de travail à cause de leur appartenance syndicale. Ces derniers observent depuis plusieurs semaines des grèves et sit-in devant la préfecture de la ville afin d'avoir accès à la mine de Taznakhte. Au final, le mémorandum met l'accent sur les dépassements enregistrés au niveau de l'ONDA et le refus affiché par l'administration pour l'ouverture des négociations collectives avec le syndicat. Pour l'UMT, ces cas traduisent en fin de compte le silence des autorités publiques devant ces pratiques, voire une certaine complicité. Pour la centrale syndicale, de tels agissements ne font que porter encore plus de préjudice à la paix sociale.