Albert Memmi a dit : «le tabac est un substitut. Il nous faudrait rechercher un substitut au substitut». Chacun de nous la connaît parfaitement : elle est longue, mince, blanche, elle réveille en chacun de nous la peur du cancer. Pour certains, la cigarette est synonyme de détente, pour d'autres, c'est un excitant, une drogue. 90% des personnes qui meurent d'un cancer du poumon sont de grands fumeurs. Le tabac tue six fois plus que la route. Il est souvent à l'origine des maladies cardio-vasculaires. Un grand fumeur (plus de 30 cigarettes par jour) perd quatre années de sa vie par rapport à un petit fumeur (1 à 9 cigarettes par jour), et huit ans par rapport à un non fumeur. Tous les fumeurs connaissent les conséquences fâcheuses du tabac mais ne tiennent pas compte des conseils des spécialistes. «Fumer, c'est tout à fait normal, disent-ils. Cela nous aide à réfléchir, à passer le temps, à discuter, à boire notre tasse de café avec les amis, à ne pas avoir les mains vides». Il est vrai que cesser de fumer n'est pas facile. Cela demande une grande maîtrise de soi, une bonne volonté, beaucoup de patience et quelques sacrifices. Que faire alors ? Par quoi le remplacer ? «Jusqu'ici on n'a découvert que des substituts partiels : le chewing-gum se mastique seulement, dit Albert Memmi. Le tabac remplit les fonctions multiples : il occupe la bouche et les doigts, il apaise le système nerveux, il trompe la faim et procure du plaisir, il nous fait découvrir un substitut aussi complet, capable de diminuer les soucis variés de l'homme sans le faire si chèrement payer». Il est difficile de parler d'un traitement de la toxicomanie. L'information et l'éducation des jeunes restent le seul moyen pour minimiser les dégâts. Les mass-média pourraient jouer un rôle important en organisant des campagnes de propagande contre les méfaits du tabac : émissions télévisées, tables rondes réunissant les spécialistes, affiches publicitaires, pièces de théâtre, sondages, interviews, reportages, films documentaires… Il est vrai que depuis quelques temps, les fumeurs se préoccupent des nuisances que le tabac peut provoquer. Ils sont polis, prévenants… mais ils continuent de fumer et d'enfumer. Pour les jeunes gens, la cigarette garde son goût subtil de liberté. Les femmes modernes l'ont admise comme symbole de leur émancipation. Quoi qu'il en soit, la nicotine serait le facteur essentiel de la dépense, la corde qui attache le fumeur à sa cigarette comme un condamné au poteau. «Il semble, écrit le professeur Jacques Chrétien, président du Comité National Français contre les maladies respiratoires, que l'on ne puisse plus soutenir l'innocuité de la fumée des autres. Ses inconvénients dépassent la simple gêne et le tabac, fait bel et bien, comme la plupart des sources de pollution imposées, courir un risque toxicologique, environnemental. Contrairement à l'alcool, il ne suffit pas d'en éviter la consommation pour en être protégé». Plusieurs pays ont déclaré la guerre au tabagisme, les Etats-Unis, la France… Personne n'ignore les dangers auxquels s'exposent les fumeurs. Tout le monde sait que le tabac tue, et pourtant !...