Entre les deux formules qui caractérisent le printemps arabe, celle de notre pays s'avère la plus quiète et fluide. En effet, la première verse dans l'indécision, après avoir enflammé la révolution et démantelé les dictateurs en place, cas de la Tunisie et l'Egypte. La seconde s'enlise dans la guérilla sanguinaire sans merci, exemple de la Lybie, la Syrie, le Yémen… Au moment donc où les autres peinent à sortir des ornières, le modèle marocain s'envole dans le firmament de sa Constitution procréée, décortiquée et plébiscitée dans la sérénité civique. Certes, la rue marocaine a été pareillement mise en agitation soutenue, frôlant même l'émeute dans bien des cas pour fustiger la dépravation sous toutes ses formes, mais jamais, on n'a mis en cause le système encore moins la monarchie. Celle-ci s'est, en fait, ipso facto démené fastueusement, tout en demeurant dans la logique du processus réformiste que le pays a amorcé depuis des lustres. Le discours royal du 9 mars a, effectivement, défrayé toute la chronique, par la véhémence du verbe et le jaillissement de la teneur. On ne peut espérer mieux dans une ambiance bouillonnante dont seul le Maroc a su dompter avec vista et pondération. Après cette envolée royale fracassante, la ferveur populaire s'installe à plus d'un registre. Les médias officiels s'ouvrent à toutes les tendances pour un débat national libre auquel toutes les constituantes de la classe politique et syndicale ont pris part. Aussi bien les adeptes de la Constitution que les boycotteurs, chacun donnait du ton à cette démarche novatrice, en plus des multiples manifestations de masse qui ont sillonné les villes et les patelins les plus reculés du royaume. Le plus réjouissant dans toute cette embellie ponctuée par un large taux de participation c'est assurément l'atmosphère sereine dans laquelle s'est déroulée cette échéance où trônent magistralement les marques de civisme et de conviction. On retiendra également les échos très favorables qui émanent de nombre de pays étrangers rendant hommage à cette entreprise marocaine de haute notoriété. Ceci étant, il conviendrait de souligner que, devant cette prouesse inédite, il n'est plus permis de revenir en arrière, car, à ne pas douter, les rails sont désormais mis en place pour que le train de la métamorphose passe sans renâcler. Il n'est plus autorisé, comme on avait l'habitude de faire, de se payer la tête des Marocaines et des Marocains, en faussant leur volonté et rudoyant leur vie quotidienne par des supercheries répétitives sans scrupule ni vergogne. Il n'est plus toléré d'hypothéquer leur avenir ni décevoir les entrains d'un peuple en quête de décence et de dignité. La royauté, piédestal de choix, annonce la couleur de la manière la plus éclatante et s'apprête sans ambages, à faire capituler tous les lobbys autour d'elle. L'Etat est amené à recourir à la loi et rien que la loi pour couper l'herbe sous les récalcitrants et les allergiques à la démocratie qui, par l'argent sale et la dépravation, continuent à dénaturer le cours normal d'un pays en pleine effervescence. Les partis politiques sont appelés à se structurer, démocratiser et solidifier leur vie interne, car on ne peut prétendre maudire les autres alors que le tort réside en son sein. Il y a alors toute une refonte à mettre en œuvre, dans les mêmes souffles de détermination et de mutualisation. Il est formellement interdit de se jouer de toute cette donne d'un référendum prometteur, pour des calculs sectaires. Si le peuple va massivement aux urnes c'est qu'il a repris confiance. Il attend alors qu'on honore tous les engagements puisque toute défection signifierait l'achèvement de cette confiance retrouvée.