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Humanisation de la pratique médicale : Hôpitaux publics : des pratiques peu regardantes
Publié dans Albayane le 28 - 03 - 2011

«Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain où la recherche de la gloire. Admis (se) dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confies.
Je ferai tout pour soulager les souffrances». Serment d'Hippocrate
Quiconque lira ce serment, ne pourra que souscrire à son contenu noble, s'inscrire dans la générosité que renferme chaque mot et s'approprier chaque phrase tant il est vrai que celle-ci ne dégage que de la bonté et de la bienveillance.
Le serment d'Hippocrate que tout médecin se doit de prêter est l'exemple de la grandeur, de la noblesse du cœur, de l'amour pour l'autre et de l'altruisme que tout praticien se doit de respecter pour exercer le noble art qu'est la médecine c'est en tout cas la doctrine.
Mais dans la réalité il en va souvent autrement.
Je ne vous apprend rien en disant ça, des médecins corrompus, il y en a, ils ne sont heureusement pas nombreux, mais ils en existent quand même et ce n'est là un secret pour personne. La corruption, ils adorent, ils ne peuvent pas s'en passer, c'est aussi simple que ca, surtout quand ils se font beaucoup de blé sur le dos de la misère de petites gens qui arrivent à peine à subsister.
Ces corrompus on les trouve partout. Mais c'est au niveau des services chauds où il y en a le plus, j'en connais quelques uns d'ailleurs, ils sont passés maitre dans l'art d'établir des certificats dits médicaux avec des incapacités physiques qui peuvent aller au-delà de 21 jours. Tout est bien entendu fonction du prix, je veux dire de la corruption.
Ces individus qui agissent sans aucun état d'âme, nuisent à l'image de marque des hôpitaux, par leur comportement antisocial, ils contribuent à créer un climat délétère, un manque de confiance de la population. Le serment d'Hippocrate en prend un sale coup à telle enseigne qu'il devient l'espace d'un temps le serment d'hypocrite.
Le secteur privé aussi
Nous avons tous en mémoire le rapport de la commission du ministère de la santé composée d'inspecteurs agréés chargés d'enquêter sur les cas de violation de la loi en vigueur au niveau des cliniques privées. Ladite commission, s'intéresse au moindre détail, procède à toutes les vérifications et contrôles prévus avant de formuler son avis et en référer au ministère pour éventuellement prendre les mesures qui s'imposent
Sur les 360 cliniques privées réparties sur l'ensemble du territoire, plus de 50 cliniques ont été inspectées conformément aux dispositions des articles 21 et 26 de la loi relative à l'exercice de la profession de médecine et de l'article 17 du décret d'application de cette loi. Ce rapport a eu le mérite de mettre noir sur blanc, les pratiques honteuses et malhonnêtes qui ont cour dans la plupart des cliniques privées. Le constat accablant qui est fait aujourd'hui à la suite de nombreuses commissions d'enquêtes, a mis à nu des procédés peu orthodoxes et quasi généralisés qui ont porté depuis longtemps, un coup très dur à cette corporation au niveau de son image.
Dirigisme outrancier
Il faut dire que le fameux rapport réalisé par des inspecteurs agréés du ministère de la santé, n'est que la partie visible de l'iceberg. L'histoire des anomalies relevées au niveau de certaines cliniques est très ancienne, d'ailleurs les journaux se sont fait l'écho de tous ces dérapages en leurs temps. Il a été découvert des équipements obsolètes qui ne fonctionnent pas normalement, faussant ainsi les résultats des opérations enclenchées et les locaux ont été jugés non conformes puisque ne remplissant pas les conditions exigées pour le traitement et le suivi des patients.
Scandales, procès contre des cliniques très réputées dans les grandes villes (Casablanca – Fès …) pour négligences graves conduisant au décès des patients, abus en tous genres, prix prohibitifs sans le service requis et surfacturé, sous-équipements et sous-qualification du personnel, équipements obsolètes qui ne fonctionnent pas normalement, locaux jugés non conformes puisque ne remplissant pas les conditions exigées pour le traitement et le suivi des patients.
Un seul dénominateur commun à toutes ces cliniques ou presque : la cupidité et l'avidité du gain rapide sans considération pour le malade l'appât du gain a tout corrompu et l'on voit la personne humaine comme étant une source d'enrichissement. Ce qui se passe dans certaines cliniques privées - n'en déplaise à certains - portes un sérieux coup à la noble profession de médecin et assimile ce corps à une sorte d'entreprise à but lucratif. Alors que certains arrêtent de nous raconter le contraire, car ils deviennent tout simplement ridicules.
Le TPA, tout le monde connaît, tous dénoncent cette pratique, tous n'en veulent plus.
Et pourtant comme dirait le grand Charles Aznavour, le TPA est toujours là et il continuera d'être là, de faire les beaux jours et les caisses pleines de certaines cliniques privées.
Bien des malades sont dans un premier temps vus en consultation au niveau de tel ou tel hôpital. Normalement leur prise en charge devrait suivre le cheminement normal afin qu'ils puissent bénéficier d'une prise en charge.
Il se trouve que certains rendez-vous sont lointains.
Le patient, sa famille ne peuvent supporter ces attentes qui sont synonymes de douleurs, d'aggravation de l'état de santé avec au bout l'irréparable qui peut arriver.
A ce moment comme par magie, il se trouvera toujours quelqu'un qui vous viendra en aide, pour vous conseiller d'aller voir le grand magicien, je veux dire le grand médecin à telle clinique où vous serez reçu le jour même.
Quand le malade se présente à ladite clinique, on le soumet sans crier gare à une panoplie d'analyses, de radiographies, d'échographies, de scanners et autres, payés rubis sur l'ongle avant de le «conditionner» à une intervention chirurgicale qu'on dit vitale pour son rétablissement.
Confiant, le malade s'y soumet, paye encore ce qu'il faut, croyant que l'opération qu'il va subir le soulagera définitivement et allongera ses jours. Il passera au maximum 2 à 3 jours dans la clinique avant que le médecin ne passe pour ordonner sa sortie et lui faire suivre un traitement post-opératoire externe sans se soucier le moins du monde des complications qui peuvent survenir. Alors que, normalement, le patient opéré doit être complètement pris en charge et suivi de près à la clinique puisqu'il en a payé le prix fort.
Non-assistance à personne en danger
Etre pris en charge au niveau d'une clinique privée, n'est pas donné à tout le monde. Ici, il faut montrer patte blanche pour prétendre y accéder. On est loin de l'hôpital public qui est ouvert à tous, de jour comme de nuit. Au niveau de la clinique privée, on prend d'abord soins de s'assurer que vous avez de quoi payer avant de décider de l'attitude thérapeutique Preuve en est ces obligations dont doit s'acquitter par avance le patient. C'est le chèque certifié à l'entrée ou bien le paiement en monnaie sonnante et trébuchante. Dans le cas contraire, le personnel de la clinique ne se gênera pas de remettre dans l'ambulance qui l'a amené ou à sa famille quelque soit l'urgence de son cas de santé.
Où est donc le serment d'Hippocrate ? Où sont passées toutes les nobles intentions ? Où sont les missions que doit remplir un médecin ?
Dans ce cas d'espèce, bien des établissements devraient être fermés dans le cadre de la loi et devant la justice pour non-assistance à personne en danger.
Cela me renvoi à la fameuse affaire, très médiatisée, de ce juge pris d'un malaise cardiaque et qui a rendu l'âme au niveau de la ligue de cardiologie à Rabat , faute d'avoir pu accéder aux soins, n'ayant pas de chèque de garantie à donner.
Pour terminer j'ajouterai tout simplement que les tarifs pratiqués actuellement au niveau des différentes cliniques privées sont fantaisistes. Chaque clinique vous facturera par exemple une cholécystectomie (ablation de la vésicule) ou une appendicectomie ou autres un prix qui diffère totalement des autres cliniques.
Dans cette histoire de différences des prix, les arguments avancés par les uns et par les autres sont souvent inacceptables et n'ont rien à voir avec la noble pratique médicale. Seul compte le pognon, plus vous en donnerez, plus on vous respectera et plus vous aurez droit à des égards quant au serment d'Hippocrate, il pourra toujours attendre.


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