Une cascade de statistiques, données et rapports de conjoncture, publiés ces derniers jours, confirment les sceptiques prévisions du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero quant à la reprise à court terme de la croissance de l'économie espagnole. Aussi bien des sources officielles espagnoles que des rapports de l'Union Européenne et d'autres organisations internationales attestent une timide hausse du Produit Intérieur Brut (PIB), un recul de l'économie et un alarmant taux de chômage. D'abord, dans son dernier rapport de conjoncture, l'institut Espagnol de la Statistique (INE) a indiqué que l'économie a progressé de 0,2% durant le quatrième trimestre de 2010, à la suite d'une stagnation enregistrée durant le trimestre précédent. Cette hausse, ben qu'elle soit légère, était due particulièrement à la forte demande intérieure, qui avait coïncidé avec les fêtes de fin d'année, et au bon comportement du secteur des exportations. C'est la même estimation faite, vendredi dernier, par la Banque centrale d'Espagne dans son dernier bulletin économique. Cependant, cette croissance est inférieure de deux dixièmes par rapport aux prévisions du gouvernement qui tablait sur un taux de croissance de 0,3% du PIB. Par contre, dans sa globalité, l'économie a chuté de 0,1% durant l'exercice dernier. La Banque centrale d'Espagne attribue le faible recul de l'économie, en dépit de la crise que traverse le pays, au bon comportement des dépenses des ménages, qui ont augmenté de 1,2% (le double que les prévisions) et du secteur extérieur qui s'est accru de 1,3%, soit un dixième de moins que les prévisions officielles. Les exportations espagnoles ont bénéficié du bon climat international qui se caractérise par la récupération du commerce mondial ainsi que des stratégies orientées vers la diversification des marchés. En dépit de cette tendance, l'année 2011 va connaître un processus de «récupération lente et très conditionnée par le secteur extérieur». Tableau sceptique Face à ce tableau sceptique, l'économie de la zone euro, à laquelle appartient l'Espagne, a augmenté de 0,3% et à 0,2% dans l'ensemble de l'Union européenne au quatrième trimestre de 2010 en comparaison avec le trimestre précédent, a indiqué, mardi, Eurostat, le service des statistiques de l'UE. Globalement, le PIB aussi bien des pays de la zone euro que celui de l'ensemble de l'UE s'est accru de 1,7% en 2010. C'est la Finlande qui a enregistre le taux le plus élevé (2,5%). Durante le troisième trimestre de l'année dernière, le taux de croissance était de 0,3% dans la zone euro et 0,5% en UE (contre 0,2% en Espagne et 0,6% durant la même période de 2009). Ce sont les économies des Pays-Bas et de l'Allemagne qui ont été les plus dynamiques au quatrième trimestre de l'exercice dernier pour avoir progressé respectivement de 0,6% et 0,4%. Le taux de croissance de l'économie française a été de 0,3% et celui de l'Italie se situe à 0,1%. En termes interannuels, en comparaison avec le quatrième trimestre de 2009, le PIB de l'Allemagne s'est accru de 4%, ceux des Pays-Bas de 2,4%, du Royaume-Uni de 1,7%, de la France de 1,5% et de l'Italie de 1,3%. Cependant le taux de croissance de l'économie européenne a été inférieur à celui des Etats Unis qui avait progressé de 0,8% au quatrième trimestre de 2010 et de 2,8% en termes interannuels. L'économie européenne a été également surclassée par celle du japon qui a enregistré un taux de croissance interannuel de 2,6%, rappelle Eurostat. Les économies européennes qui se sont distinguées, durant le quatrième trimestre de l'année dernière, sont celles de la Finlande avec un taux de croissance de 2,5%, de l'Estonie (2,3%), de la Lituanie et la Bulgarie (1,7%) et la Lettonie (1,1%). Mauvais élève L'Espagne est également un mauvais élève en termes de création de postes d'emploi. Elle est le pays qui abrite le plus de chômeurs des Etats membres de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE). Dans son dernier rapport sur la situation de l'emploi dans l'OCDE, cette organisation note que le chômage s'est réduit de 0,1% en décembre dernier, par rapport au mois précédent et a baissé de 8,6% à 8,5% alors qu'en Espagne ce taux a atteint 20,2%. L'OCDE signale que le taux de chômage, qui englobe désormais des données du Chili, de l'Estonie et de la Slovénie (qui font désormais partie de cette organisation), s'est stabilisé à 8,5% depuis février 2010, en dépit des tendances divergentes au niveau national. Ce sont les Etats-Unis, l'Australie, al Belgique, l'Irlande, le Japon, les Pays-Bas qui ont connu une légère baisse des taux de chômage en décembre dernier. En face, d'autres pays ont vécu une légère augmentation du nombre des sans emploi tels l'Australie, la République Tchèque, le Danemark, la Hongrie, la Corée, le Luxembourg, la Pologne et la Slovénie. L'Espagne est accompagnée d'autres pays dont les marchés du travail peinent à trouver la formule idéale pour résorber le chômage tels la Slovaquie (14,5%), l'Irlande (13,8%), la Hongrie (11,7%) et le Portugal (10,9%). Par contre, d'autres sont cités comme bons exemples en cette matière tels la Corée avec un taux de chômage de 3,6%, les Pays-Bas (4,3%), le Japon (4,9%) et le Luxembourg (4,9%). Dans l'ensemble de la zone euro, le taux de chômage se maintient stable autour de 10% en décembre dernier pour le deuxième mois consécutif, soit la moitié du taux en Espagne. L'OCDE signale, enfin, que le nombre de chômeurs dans les pays membres de cette institution a été, en décembre dernier, de 46,2 millions de personnes, soit 0,9 million de moins par rapport au même mois de 2009, mais 15,1 millions de plus par rapport à décembre de 2007. Pendant ce temps, en Espagne, 45,3% des travailleurs salariés qui effectuent des heures supplémentaires ne sont pas récompensés à la fin du mois pour cet effort. Freiner la chute Dans ses statistiques relatives à la situation de l'emploi en Espagne, au quatrième trimestre de l'année dernière, l'Institut Espagnol de la Statistique signale que seuls 4,8% des travailleurs effectuant des heures supplémentaires bénéficient d'une gratification à la fin du mois. C'est le cas surtout dans les industries d'extraction et des professions de l'information et de la communication où 70% des travailleurs ne perçoivent aucune compensation pour les heures effectuées hors de l'horaire réglementaire. Dans d'autres domaines, telles les activités financières, immobilières ou dans l'éducation, ce pourcentage est supérieur à 85%, signale la même source. D'autant plus, le coût moyen de chaque heure supplémentaire effectuée a baissé de 16,3 euros en 2007 à 15,06 euros à fin 2010 alors que le Statut des Travailleurs stipule que le montant de l'heure supplémentaire ne peut en aucun cas être inférieur à la valeur ou qu'il soit compensé par un temps de repos équivalent rétribué. En dépit des résultats négatifs, l'économie espagnole commence à récolter timidement des taux trimestriels positifs de la croissance du PIB, ce qui contribue à freiner sa chute libre, initiée depuis l'effondrement du secteur du bâtiment en 2008, et la stagnation de la consommation intérieure. A en croire certaines études de conjoncture, l'Espagne n'entrera dans une nouvelle phase de croissance potentielle du PIB avec la création de l'emploi net qu'à partir de 2013.