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«Sidna Kdar» de Mohamed Kaouti : Entre doutes et espoirs
Publié dans Albayane le 21 - 02 - 2011

Après «Je suis parti» et «La chaise bleue», en 1996, «Zou», en 1998, l'auteur dramaturge Mohammed Kaouti récidive. Il vient de publier, dans une suite à «No man's land» (2009) et «Le ring» (2010), «Sidna Kdar»
(Notre Seigneur Destin), une transplantation de la célèbre pièce théâtrale de Samuel Beckett. La pièce théâtrale sera présentée demain à Casablanca, dans un premier temps, à un public réduit. Premières impressions.
A la lecture du titre, me voilà replongé dans ma première jeunesse. Presque tout à rebours repasse pour revoir l'impact religieux d'une tradition ancrée dans le cœur des fidèles.
Je revois encore l'image d'un proche, qui ne faisait pas ses prières, influencé, l'espace d'un jour, par un « illuminé » qui a eu la mésaventure d'être bloqué entre la masse des fidèles, en cette nuit du Destin, vantée meilleure que mille mois de piété ou de jeûne. Je sais que ce proche n'était plus prêt à refaire le même chemin.
Plongée dans l'enfance
J'avoue que j'avais oublié Sidna Kdar, dont je n'ai plus entendu parler et dont la place a été squattée, dans ma mémoire, par la Nuit du Destin (Lailatou Al Kadr), qui, elle, est toujours omniprésente dans l'imaginaire populaire, comme le grand rendez-vous du fidèle avec la récompense divine. Le livre m'a rappelé également la troupe Saddiki, qui avait présenté en 1970-71, pour le compte des étudiants du Lycée Moulay Abdallah, «Fi intidar Mabrouk», adaptation de la fameuse pièce de Samuel Becket, transplantée, plus tard, par Mohammed Kaouti. A l'époque, jeunes étudiants enthousiastes, nous avions tranché la question de la définition de «Godot».
Logiquement, l'homme providentiel imaginaire de la « Nuit du destin » devrait tenir sa parole et être au rendez-vous, durant la dernière décade du mois sacré de Ramadan, que, par convention, la tradition religieuse a fixé comme étant la nuit du 27è jour de Ramadan.
D'ailleurs, la prière durant cette nuit – comme le jeûne durant cette journée – est considérée comme mille fois meilleure que la normale (plus bénéfique que 1000 mois).
Dans le «ring», face au doute
Et puis, voilà que mon imaginaire se retrouve, sans le vouloir, dans « No man's land» en plein «ring», mais sans perfection d'un quelconque art martial, contre le doute, même si chacune de ces œuvres de Kaouti a son propre contexte et un style spécifique. Mais la continuité de la démarche poétique, théâtrale ne cède pas à la facilité et au superficiel. Le livre de Mohamed Kaouti aura au moins le mérite d'avoir éveillé en moi cette période de ma vie, que je revois, souvent, dans des moments de solitude, avec les lunettes d'aujourd'hui. Le texte de « Sidna Kdar », à la fois d'une facture linguistique de haut vol et d'une simplicité déroutante, interpelle le lecteur par une multitude d'interrogations aux réponses desquelles il est tenté, à chacune d'elles, de répondre par l'affirmative pour, enfin de parcours, se trouver en face de toutes les réponses possibles et imaginables et de choix nuancés qui sèment le doute dans les esprits. Le doute qui ronge l'âme du lecteur, qui peut ne rien piger de cette histoire dramatique. Mais cette pluralité de la réflexion incite à la lecture, emporte le lecteur dans l'univers humain, ses souffrances et ses combats, plein d'absurdités, grâce à la dissection et à l'analyse des réponses plurielles.
Ne nous sommes pas en pleine «Nuit du destin», où le doute s'installe confortablement, comme durant toutes ces nuits de doute que compte le calendrier de l'Hégire, dans l'attente de l'apparition du croissant lunaire, qui, lui, met fin au doute et la vie continue jusqu'au prochain rendez-vous et ses longues attentes?
Donner sens à l'insensé
Le lecteur est ébahi par cet effort colossal, de l'esprit et de la langue, par cette capacité, qui fait preuve de la fertilité de l'esprit, sans complaisance ni à la superstructure ni à la facilité et qui s'évertue à donner sens à l'insensé, à la description, par un interminable dialogue, de la douleur et de l'espoir, loin des idées reçues, des stéréotypes et des sentiers battus.
Contrairement à Samuel Beckett, Mohammed Kaouti fait appel à une sémantique analytique et structurelle et utilise des phrases sémantiques qui donnent corps et âme au texte, avec des idées plus explicites, entre les lignes et derrière le texte, dans l'état et l'action en même temps.
Sans crainte et au risque de déplaire à d'aucuns, qui veulent maintenir le théâtre de l'Absurde, personnellement, je pense que Mohamed Kaouti a transgressé bien des tabous et des certitudes non avérées, encore répétées par des adeptes de la nuit des temps.
Plus proche, peut-être, de Bertolt Brecht que de Beckett (même si ce dernier n'avoue pas que Godot était, dans cette longue attente qui ne finit pas, bel et bien Dieu), l'auteur de Sidna Kdar a réussi à démêler, pour le lecteur-spectateur, les fils de la complexité humaine, fruit de contradictions historiques, qui sont restées, (et restent encore), non dénouées.
Vivement la comédie théâtrale !


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