La machine de l'appareil judiciaire est complètement paralysée par les débrayages en série des greffiers et autres fonctionnaires de la justice. Les audiences sont systématiquement envoyées. Ce qui se répercute négativement sur les justiciables et compromet sérieusement leurs intérêts. Par exemple, les détenus, qui attendent avec impatience un procès en appel avec un espoir de voir la peine réduite ou bénéficier d'une libération même sous cautions, continuent de croupir derrière les barreaux, en attendant à ce que les conditions nécessaires soient réunies pour la tenue de leurs audiences. Des entreprises qui devraient exécuter des jugements se trouvent obligées d'attendre à ce que les greffiers reprennent leur boulot pour pouvoir retirer une copie de la sentence, affirme un avocat au barreau de Casablanca. De même, de simples citoyens, qui se sont adressés à la justice pour obtenir gain de cause, se trouvent contraints de faire le va-et-vient aux locaux des tribunaux, dans l'attente de la reprise du travail pour pouvoir s'en sortir. Au cours des deux seules journées du travail durant la semaine depuis le déclenchement des grèves, les différents services de la justice connaissent des embouteillages énormes dans tous les tribunaux du pays. L'un désire retirer une copie de sa sentence, l'autre se hâte pour récupérer la provision d'un chèque impayé, un troisième cherche à payer son amende avant qu'il ne soit trop tard, etc. Les files se languissent devant tous les bureaux. Les porteurs de la toge noire sont également dans le pétrin à cause de ces grèves répétées. «Ces débrayages ont sérieusement compromet nos intérêts», résume, non sans amertume, un ancien bâtonnier du barreau de Casablanca. C'est dire que ces grèves ont eu des répercussions négatives à tous les niveaux. Et ça dure encore. Car les deux parties, à savoir le syndicat démocratique de la justice et le ministère de tutelle, ne sont pas encore parvenues à un accord pour mettre un terme à ce feuilleton des grèves. Chaque partie campe sur sa position. Depuis déjà quelques semaines, les débrayages sont programmés de telle sorte à rendre évident ces mouvements de protestation. Du côté du syndicat national de la justice, relevant de la Confédération démocratique du travail (CDT), les résultats du dialogue social sont loin de répondre aux revendications du personnel du secteur. Le syndicat appelle notamment à la promulgation d'un statut des greffiers, l'adoption de la promotion exceptionnelle pour l'ensemble des fonctionnaires qui remplissent les conditions requises et l'amélioration des conditions du travail.