En manque criant de grands joueurs, éliminée de la Coupe d'Italie, de l'Europa League et virtuellement de la course au titre, la Juventus Turin est tombée à la 7e place en Serie A et risque même la catastrophe: laisser passer la Ligue des champions une seconde année consécutive. La Juve s'enfonce dans la médiocrité et le classement. Elle doit se racheter à Palerme, mercredi lors de la 23e journée, de la défaite de dimanche à Turin contre l'Udinese (2-1). Mais tous les voyants sont au rouge. Les chiffres font frémir les très nombreux supporteurs juventini: en janvier, toutes compétitions confondues, la +Vieille Dame+ a perdu trois matches à domicile, encaissé 12 buts en 7 rencontres et dégringolé à 12 points du leader, l'AC Milan. Plus personne ne parle du titre à Turin, mais ne pas se qualifier pour la C1 serait une catastrophe, économique et sportive, et aggraverait son cas: sans l'argent et le lustre de la Ligue des champions, comment attirer les nouveaux Platini, Zidane ou Nedved ? «Si la Juve traverse une mauvaise période, c'est aussi parce qu'elle n'a pas recruté au mercato d'hiver, estime Antonio Cabrini, ex-idole bianconera. En somme, la gestion économique n'a pas permis de réaliser des transferts importants comme l'ont fait le Milan et l'Inter». Quand l'AC Milan a cassé sa tirelire cet été pour se payer Zlatan Ibrahimovic et Robinho, la Juventus recrutait une dizaine de joueurs de bon niveau (Milos Krasic, Fabio Quagliarella, Roberto Aquilani...), mais pas de star du même acabit que le Suédois ou le Brésilien. Quand l'AC Milan achète quatre joueurs au mercato d'hiver, dont le finaliste de la Coupe du monde Mark van Bommel, la Juventus a dû se contenter d'ex-internationaux sur le retour, Andrea Barzagli en défense et Luca Toni (33 ans) en attaque. Et l'Inter s'est offert cet hiver un international actuel, Giampaolo Pazzini, pour pallier les blessures à répétition de Diego Milito. Cet été, Marco Borriello a choisi la Roma, et de tous les attaquants approchés par la Juve cet hiver, seul Alessandro Matri est venu, prêté par Cagliari pour 2,5 millions d'euros. La Juve visait le Chilien de l'Udinese Alexis Sanchez, qui l'a crucifiée en signant le but vainqueur, mais elle n'avait pas les moyens de se l'offrir. «Pazzini ? La Juve ne pouvait pas se le permettre et c'est symptomatique de la situation économique du club, explique Cabrini. Pour la reconstruction, pour ramener l'équipe à son niveau, il faudra du temps». Le public s'impatiente, et chambre ses joueurs. «Quelqu'un pour marquer !» chantait-il dimanche, en entonnant les noms des glorieux anciens, Pavel Nedved, retraité, ou David Trezeguet, que le club a laissé filé à Alicante cet été. Les nombreuses blessures n'expliquent pas tout. Elles «ne doivent pas servir d'alibi», estime le dernier géant vaillant du club, le gardien Gianluigi Buffon (le capitaine Alessandro Del Piero, 36 ans, n'a plus l'influence d'autrefois). «Le Calciopoli (l'affaire d'arbitres influencés qui a coûté deux titres sur tapis vert au club) nous a dévasté, ajoute le gardien, avant, la Juve avait la puissance économique, quand elle avait vendu Zidane, elle avait pris Nedved, Thuram et moi. C'est ça la différence. Maintenant, pour être encore une grande équipe qui a du sex appeal, nous ne pouvons nous permettre de réitérer une saison comme la précédente.» «Et si on ne se relance pas dès mercredi, ça va devenir difficile», conclut-il.