Le médicament générique revient au devant de la scène. La fédération nationale des pharmaciens du Maroc vient de rendre public un communiqué dans lequel elle dénonce les conclusions du rapport d'un cabinet d'étude, mandaté par le ministère de la Santé, qui pose les premiers jalons de l'élargissement des médicaments génériques. Un bras de fer est dores et déjà engagé sur les enjeux futurs de cette généralisation. Les pharmaciens craignent de voir réduites leurs marges commerciales, un manque à gagner qu'ils jugent préjudiciables pour la profession. Les médicaments génériques sont des produits aussi efficaces que les produits dits princeps, c'est-à-dire ceux fabriqués à partir de la molécule mère. La seule différence réside dans les coûts de ces médicaments. Les prix des génériques sont deux fois moins chers que les originaux. Pourtant les médicaments génériques soulèvent la grogne des pharmaciens d'officine. Les médicaments coûtent chers, ce qui limite énormément l'accès des patients aux soins. Une situation choquante et pénalisante pour un grand nombre de nos concitoyens et plus particulièrement les économiquement faibles, les démunis, les chômeurs, ceux qui n'ont pas de couverture médicale et dont le nombre dépasse les dix millions. Pourtant des solutions existent pour remédier un tant soit peu à ces anomalies. Parmi ces solutions, il y a les médicaments génériques. Ils font aussi bien que leurs homologues de marques, et en plus ils sont 30 à 50 % moins chers. Pourtant la pénétration des génériques sur le marché marocain ne dépasse pas 29 %, une anomalie que le ministère de la santé a souvent souligné, invitant au passage les prescripteurs à faire preuve de plus de responsabilité au moment où les caisses de l'AMO (CNOPS et CNSS) tirent la sonnette d'alarme sur les dépenses inhérentes aux médicaments dits originaux. Il faut dire que les médicaments génériques moins chers n'ont pas la cote, ils sont boudés, ignorés par certains médecins, qui reprochent aux génériques des problèmes de tolérance (diarrhée, voire palpitations, sensation d'essoufflement) et d'efficacité, problèmes qu'ils attribuent au conditionnement différent du médicament générique (gélule au lieu du comprimé habituel, enrobage différent du médicament modifiant son goût, son absorption ou sa conservation, etc.) Le ministère de la santé tout en comprenant les préoccupations des médecins entreprend une campagne qui vise à donner aux génériques une place de choix, c'est en grande partie ce qui a motivé le plan d'action qui a été confié à un bureau d'étude - Cabinet Boston Consulting, un plan dont l'objectif est d'assurer un taux de pénétration des génériques de 50%, contre 29% actuellement. Si les professionnels se disent favorables à une telle mesure, ils craignent néanmoins de voir leur chiffre d'affaires affecté. Un débat a été engagé avec le ministère de tutelle, et le comité de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens devra statuer sur la tenue ou non d'une grève Que prévoit ce plan ? Le ministère de la Santé prévoit d'adopter graduellement une série de mesures importantes. La première concerne le droit de substitution qui accorde aux pharmaciens le droit de remplacer un médicament prescrit sur ordonnance par un générique. Un texte de loi dans ce sens doit être présenté au Parlement en avril prochain. Une mesure qui laisse apparemment perplexes les médecins qui estiment, dans ce rapport de BCG, que les pharmaciens n'ont pas toutes les compétences requises pour assumer ce droit, qu'ils ne sont pas toujours présents dans leurs officines et qu'eux-mêmes sont particulièrement méfiants quant à la qualité de certains génériques. (Suite page 2)