La ville de Tétouan, en particulier les amateurs de la musique andalouse, s'apprête à fêter, le 14 janvier prochain, le 10ème anniversaire de la disparition du dernier grand maître de cet art, feu Mohamed Ben Larbi Temsamani. Cette figure emblématique qui, avec les deux autres géants de la musique andalouse, Moulay Ahmed Laoukili et Abdelkrim Rais, disparus respectivement en 1989 et 1996, avaient gravé en lettres d'or ce style de musique si riche et si raffiné, est décédé le 6 janvier 2001, dans son appartement sis rue Al-Wahda à Tétouan, des suites d'une longue maladie. Feu Larbi Temsamani avait, avant sa mort, passé le flambeau à son dauphin, un certain Mohamed Amin El Akrami, un musicien (oudiste) passionné de musique «Al Ala», devenu depuis le chef de l'orchestre Mohamed Larbi Temsamani relevant du Conservatoire de musique de Tétouan. C'est d'ailleurs à l'initiative de ce dernier, qui a tenu à associer l'Association des parents et tuteurs des élèves du mythique Conservatoire de musique de Tétouan, que ce grand rendez-vous de la musique Al Ala sera organisé avec la participation de pas moins de quatre grands orchestres (Tétouan, RabatTanger et Meknès) qui vont ainsi jouer ensemble au grand bonheur des amateurs et des fins connaisseurs de ce art andalous. Cette soirée, qui promet d'être inoubliable, sera rehaussée par la participation de «l'invité d'honneur» Haj Mohamed Bajaddoub, Abdeslam Sefiani et Zineb Afilal, a déclaré à a la MAP M. Al Akrami pour qui cette manifestation se doit d'être à la hauteur de ce grand maestro de la musique andalouse. Il a également révélé qu'un hommage sera rendu, pour la première fois, à l'épouse de feu Temsamani qui, tout au long de sa vie, a accompagné et soutenu son époux dans sa carrière de musicien. Né en 1919 à Tanger, Mohamed Ben Larbi Temsamani a vécu au sein d'une famille passionnée par la musique andalouse (Al-Ala). Son père était un juge amateur d'art et de poésie andalouse. Cet environnement artistique a joué un rôle très important dans la formation de ce musicien qui en 1936 a rencontré Moulay Ahmed Loukili, maître incontesté de la musique Al-Ala, avec qui il a noué une amitié qui aura duré jusqu'à la mort de ce dernier en 1989. Nommé directeur du Conservatoire de musique de Tétouan par son ami AbdelKhalek Torrès, feu Temsamani était connu pour avoir introduit d'autres innovations telle l'utilisation d'instruments occidentaux comme la clarinette, le saxophone et surtout le piano, en plus des instruments traditionnels de base comme le luth, la darbouka etc. Il avait participé à l'enregistrement de huit Noubas pour l'UNESCO en collaboration avec «l'association des passionnés de la musique andalouse», présidée par le défunt Driss Benjelloun Touimi en 1962. Parmi les maîtres qui ont participé à cet enregistrement historique, il y avait Abdelkrim Raïs et Moulay Ahmed Loukili et dans l'enregistrement de deux noubas (Raml Almaya) et (Isbihan) dans «L'Anthologie Al-Ala», réalisée sous les auspices du ministère des Affaires culturelles, en collaboration avec la «Maison des Cultures du Monde» de Paris, entre 1989 et 1991. Tombé malade en 1991, Temsamani a abandonné la scène, mais a continué de diriger le Conservatoire de musique de Tétouan, une véritable institution datant des années 1940, mais qui, selon les organisateurs de ce festival, est en train de perdre de sa splendeur à cause de sa vétusté, d'où cet appel urgent pour une intervention rapide des autorités compétentes en vue de sa réhabilitation et son réaménagement, lancé, lors d'une conférence de presse annonçant la tenue de cet événement culturel et musical.