Pour l'arabe ou l'hébreu, tu me dis qu'il suffit que je comprenne quelques mots… Mais, hélas, malgré toute ma bonne volonté, je ne les comprends pas, ces quelques mots. En hébreu, tout du moins. En arabe, ça va un petit peu mieux, mais, si je connais quelques dizaines de mots, j'ignore tout des structures grammaticales. Combien de fois m'a-t-on asséné que je devrais savoir parler l'arabe puisque j'ai vécu 31 ans au Maroc ? Depuis que je suis en France, mes collègues de travail, s'ils sont Marocains, Algériens ou Tunisiens, prennent plaisir à me parler en arabe puisque je suis un de rares à avoir les mêmes références qu'eux. Et moi, je reste penaud. Bien sûr, avec deux ou trois mots par ci, par là et le contexte aidant… Mais pour répondre ? Quand on était gosses, puis plus tard, nos copains arabophones parlaient le français et nous ne faisions pas l'effort d'apprendre à parler leur langue. C'était dur, déjà, pour la langue des grands-parents, Je ne sais que quelques mots d'italien et de sicilien que mon père, lui-même, connaissait peu. Pour l'espagnol, ça ne compte pas, j'ai toujours aimé cette langue que ma mère parlait naturellement avec les membres de sa famille. Elle savait des quantités de chansons espagnoles et elle chantait toujours. Combien de cousins de ma génération ou de celles d'après ne savent pas parler, ou baragouinent tout au plus, la langue de leurs pères ? Certains pratiquent presque parfaitement l'arabe. J'ai remarqué que c'était souvent ceux qui ne vivaient pas à Casablanca ou Rabat. Ceux, aussi, qui allaient souvent au bled, ou encore ceux qui avaient eu une bonne marocaine. Mais, nous, nous vivions à Casa, sans jamais sortir de Mers-Sultan. J'avais 20 ans quand je suis allé en Espagne puis en France pour la première fois. Pas de bonne non plus. Alors, on restait des boujadis. Voilà, je regretterai toujours de ne pas savoir parler arabe, italien, anglais, allemand, hébreu, chleuh, japonais, chinois, tamoul, peul, latin, grec ancien et moderne et j'en oublie. Je suis déjà suffisamment bavard en français et en espagnol. On m'enverrait vite sur une île déserte…