A l'instar des autres pays de la planète, le Maroc a célébré à sa façon la journée mondiale de lutte contre le SIDA. Il est vrai que nous avons une fois de plus eu droit au même rituel, aux interventions des mêmes visages devenus par la force des choses emblématiques d'une lutte qui reste symbolique, mais qui a le mérite de rappeler aux uns et aux autres que le SIDA au Maroc est une réalité alarmante avec des conséquences dramatiques sur le plan familial, social et économique. Le premier cas de SIDA a été déclaré au Maroc en 1986. Aujourd'hui en 2010 soit 24 ans après, quel est le constat ? L'Afrique subsaharienne paie un lourd tribut Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), cette journée mondiale du sida 2010 permet à plusieurs partenaires publics et privés de donner des informations sur la situation concernant la pandémie et de promouvoir la prévention, le traitement et la prise en charge du VIH/sida, dans les pays à forte prévalence mais aussi ailleurs. Selon des chiffres publiés par l'OMS, 33,4 millions de personnes vivent avec le VIH. L'Afrique subsaharienne enregistre le taux le plus élevé : 22,5 millions, le moyen Orient et l'Afrique du nord 460.000 personnes, l'Asie du Sud et du Sud Est 4,1 millions, Asie de l'Est 770.000, l'Amérique centrale et du Sud 1,4 million, l'Amérique du Nord 1,5 million On estime actuellement à 2,5 millions le nombre de primo-infections par le virus et à 2 millions le nombre de décès entraînés par le sida. L'Afrique subsaharienne est la région la plus touchée réunissant 67% des cas mondiaux, 68% des nouveaux cas enregistrés chez les adultes et 91% chez les enfants. Mais des progrès sont enregistrés Malgré les 6800 nouvelles infections et 5700 décès par jour, l'Onu sida estime que les nouvelles infections et la mortalité déclinent et que la prévalence du VIH se stabilise Les nouvelles données présentées dans le rapport 2010 de l'ONUSIDA sur l'épidémie mondiale fait état de progrès encourageants. Le nouveau rapport de l'ONUSIDA, publié le 23 novembre 2010, révèle que le monde commence à inverser la propagation du VIH. Le nombre des nouvelles infections à VIH a reculé de près de 20% en dix ans, les décès liés au sida ont diminué de près de 20% sur les 5 dernières années et les personnes vivant avec le virus voient leur nombre se stabiliser. Le rapport signale que parmi les cinq pays affectés par les plus grandes épidémies, quatre (Ethiopie, Afrique du Sud, Zambie et Zimbabwe) ont réussi à faire baisser de plus de 25% le nombre de nouvelles infections à VIH. Par ailleurs, il souligne que dans 15 pays comptant parmi les plus durement touchés, le nombre de nouvelles infections à VIH parmi les jeunes a été réduit de plus de 25% car ceux-ci ont adopté des comportements sexuels à moindre risque. Néanmoins la lutte contre le sida doit d'être intensifiée et poursuivie pour stopper l'épidémie et commencer à en inverser le cours. A cet égard, la prévention, en particulier auprès des jeunes, demeure l'action la plus importante et la plus efficace. C'est pourquoi la contribution des ONG à la politique de prévention du sida continue d'être fondamentale. La situation au Maroc Le Maroc, par contre, ne suit pas cette tendance générale et continue à enregistrer de nouveaux cas et d'une façon croissante avec 3621 personnes malades du sida au 30 septembre, ils étaient 2798 en 2008 notre pays connaît une courbe exponentielle des cas de SIDA maladie .Quand aux personnes qui vivent avec le VIH sans le savoir, leur nombre est estimé à 26.000, peut être bien un peu plus. En 2008 il y avait 2000 PV VIH. A l'évidence, on note une augmentation croissante du nombre de nouvelles infections. C'est fort inquiétant. La transmission hétérosexuelle est importante. Elle représente 87 %, autre aspect qui a son importance c'est la féminisation du sida. En effet nous notons que les femmes représentent 58% des 15–34 ans La contamination par le conjoint est relevée dans 25 % des cas chez la femme On note une prévalence de 2.4 % chez les travailleuses de sexe et 3 % des cas sont des enfants âgés de moins de 15 ans. Trois régions se démarquent en ce qui concerne la répartition géographique des cas de SIDA : Souss Massa Draa : 24% Marrakech Tanssift Al Haouz : 21 % Grand Casablanca : 12 % Doukkala Abda : 7 % Rabat – Salé – Zemmour Zaer : 5 % Guelmim Semara : 5 % Autres : 21 % Le dépistage : La voie du salut Le problème du SIDA est très complexe, c'est une situation qui reste très difficile à gérer malgré toutes les années passées (24 ans), à expliquer, à démontrer, à convaincre les uns et les autres sur le bien fondé de la prévention, de la nécessité du dépistage, on a parfois l'impression que ça ne bouge pas. Il faut dire que la perception du SIDA n'est pas bien assimilée par tous, c'est en grande partie lié à la relation que nous avons avec le sexe et tout ce qui tourne et qui gravite autour de la relation sexuelle d'une façon générale . Un domaine. Qui se heurte encore à de nombreux tabous au Maroc. De ce fait, parler du SIDA , du dépistage reste encore un domaine ou des efforts doivent être entrepris par les ONG, les associations afin de démystifier, de banaliser, mais aussi de démontrer à toutes et à tous, les bénéfices et avantages que l'on peut tirer d'un dépistage du VIH. Il faut tout mettre en œuvre pour faire prendre conscience au plus grand nombre de cette réalité. Il est inadmissible, inconcevable dans un pays comme le notre, ou sont réalisées des interventions à cœur ouvert, des transplantations d'organes ou existent des facultés de médecine, des centres hospitaliers très performants, un corps médical et infirmier aux compétences avérées, de réaliser à peine 40.000 tests par an. Pour comparaison, en France, 3 millions de personnes sont actuellement testées par an. Selon les spécialistes en la matière l'idéal serait d'arriver à en pratiquer 2 millions/an L'argent du sida En guise de conclusion, et à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, qui devrait être en toute bonne logique, l'occasion pour les uns et pour les autres, ministère de tutelle, autres départements ministériels, ONG, associations et autres acteurs intervenants dans cette lutte, de dresser le bilan des activités réalisées, de rendre compte en toute transparence de la bonne utilisation des fonds et subventions et autres dons, des sommes importantes que les associations arrivent à collecter, mais dont la gestion reste parfois empreinte d'une opacité qui permet de masquer des avantages et de justifier des situations acquises. Notre pays grâce à la politique éclairée de Sa majesté le Roi Mohammed VI et aux efforts constants du ministère de la santé, au dévouement et à l'altruisme des professionnels de santé, a réussi à mettre en place un Programme National Contre le sida qui est considéré comme un programme modèle dans la région. Le Ministère de la Santé a de tous les temps garanti la prise en charge totale des malades atteints du SIDA, il leur assure gratuitement l'hospitalisation, l'accès aux traitements antirétroviraux ainsi que tous les examens biologiques, sans oublier la prise en charge psychologique et le soutien pour l'insertion. A côté, il y a le travail des ONG marocaines actives dans ce domaine, un réseau important, qui compte prés de 30 associations dont les objectifs visent à coordonner et combiner les efforts pour une lutte plus efficace contre les IST/SIDA. Ces ONG ont beaucoup de mérite, tous font de l'excellent travail sur le terrain en matière de prévention et de sensibilisation. Ces ONG méritent amplement d'être soutenues, accompagnées, motivées et encouragées non pas par des paroles, mais par des actions concrètes qui leur permettront de réaliser leurs objectifs. Dans cet ordre d'idée, il nous semble que l'organisation d'un SIDACTION est une voie idoine pour pallier aux carences dont souffrent ces ONG. Nous savons tous que les Marocains sont des gens très généreux, qu'ils n'hésitent pas à mettre la main à la poche quand il s'agit d'aider celles et ceux qui ont besoin d'aide et de soutien. Les fonds généreusement donnés par les citoyens et récoltés par le SIDACTION, devront profiter à tous les malades atteints du SIDA et non pas à telle ou telle association, c'est une question d'équité et de justice envers tous ces pauvres malades. Agir autrement, c'est remettre en cause la crédibilité des associations luttant contre le Sida. La balle est dans le camp des responsables et des décideurs.