L'industrie agro-alimentaire (IAA) est la deuxième branche industrielle du pays avec près de 30% de la production industrielle totale (juste après celle de la chimie avec 40%). Il est à noter que 16 à 17% de la production de cette branche est exportée annuellement, indique la toute récente étude sur le secteur et ses performances, réalisée par la Direction des études et des prévisions financières -DEPF-. Le secteur de l'IAA occupe une place stratégique dans l'économie nationale et compte1981 entreprises (moyenne de la période 2002-2008), représentant 25% du total des établissements industriels constitués principalement de PMI à hauteur de 95%. Selon les analystes de la DEPF, ce secteur présente des capacités de développement énormes vu les potentialités agricoles et agroindustrielles du pays. Toutefois, le secteur reste, dans son ensemble, caractérisé par un système productif fragile et structurellement faible, notamment au niveau des exportations, font remarquer les auteurs de l'étude. Avec plus de 2,6 milliards de dirhams d'exportation et 5.670 emplois permanents en 2008 (dont 53% sont des femmes), le secteur des fruits et légumes transformés occupe une position de choix dans le tissu économique et social national. Il participe significativement au développement de la production agricole en la valorisant et en assurant un débouché pour certains produits agricoles. Aussi, le secteur participe activement, à travers ses unités industrielles implantées dans les territoires, à la politique de décentralisation industrielle et au développement rural. Pour renforcer le développement du secteur, les pouvoirs publics ont fourni d'énormes efforts dont notamment, la mise en place du Plan Maroc Vert (PMV), l'intégration du secteur dans la stratégie industrielle du pays qui vise à couvrir les risques encourus par le secteur et à développer sa promotion en ciblant 17 marchés étrangers et enfin, l'engagement de mesures dans le cadre du Pacte pour l'Emergence industrielle. Contribuer à la sécurité alimentaire Le secteur de l'IAA constitue un secteur clé qui contribue à la sécurité alimentaire de notre pays et à sa compétitivité à l'export. Toutefois, le développement du secteur reste principalement entravé par la problématique de l'approvisionnement et sa diversification. Pour cela, le Plan Maroc Vert est venu pour pallier cette insuffisance à travers, d'une part, l'amélioration de l'offre en matière de produits agricoles destinés à la transformation en quantité et en qualité et, d'autre part, la création de zones industrielles dédiées à l'agroalimentaire. De même, la recherche de nouveaux débouchés pour le secteur agricole constitue un des axes majeurs de la nouvelle stratégie du commerce extérieur. Dans ce cadre, cette stratégie s'articule autour de plusieurs actions stratégiques, à savoir : le ciblage géographique qui a permis d'identifier 17 marchés potentiels pour un ensemble de produits, le ciblage en termes d'actions de promotion, et l'accompagnement des exportateurs dans le cadre de ces actions. L'analyse de l'évolution des principaux indicateurs économiques relatifs à la dernière décennie, révèle que l'activité de la filière des fruits et légumes transformés a été marquée par un ralentissement et un manque de dynamisme, souligne l'étude. Cette stagnation de la branche au cours de la dernière décennie s'explique plus par les insuffisances de l'approvisionnement en matière première agricole que par un manque de dynamisme de la demande. Les opportunités de développement des marchés existent en raison de l'extension des modes de vie urbains, du travail des femmes, du développement de la distribution moderne, des activités de restauration et de tourisme, ainsi que l'amélioration des équipements de stockage et de réfrigération. Outre cela, les accords de libre-échange constituant une réelle opportunité devraient permettre d'améliorer les performances à l'export. Ainsi, pour tirer davantage profit des opportunités offertes pour le développement du secteur de l'agro-alimentaire, un ensemble de mesures complémentaires sont suggérées, portant, notamment sur l'amélioration des conditions d'accès aux marchés ; la dynamisation du PMV et du Pacte de l'Emergence Industrielle ; le renforcement des productions agricoles transformées destinées à l'export ; l'accélération de la réforme du régime foncier ; la poursuite de l'identification d'autres agrégateurs potentiels dans le domaine de l'agro-industrie. Dynamisation du Plan Maroc Vert Outre les mesures prises en faveur du développement des investissements et des échanges commerciaux, une attention particulière est accordée par les pouvoirs publics à la promotion de l'agriculture et à l'industrie agro-alimentaire, et ce dans le cadre du Plan Maroc Vert et du Pacte de l'Emergence Industrielle. Ainsi, la dynamisation de ces Plans à travers la mobilisation des ressources des secteurs privé et public autour des programmes d'investissement, serait de nature à faire face aux insuffisances qui limitent les opportunités de croissance de la branche des fruits et légumes transformés. Pour accompagner ces investissements, une politique de prospection et de diversification des marchés à l'export, ainsi que de promotion des produits est nécessaire. Cet effort ne pourra être mobilisé sans un cadre réglementaire modernisé (notamment en matière de mise en place d'un processus de traçabilité des produits agro-alimentaires) et sans un renforcement important des capacités des organisations professionnelles. Réforme du régime foncier D'après les analystes de la DEPF, il est nécessaire d'encourager et de renforcer en particulier les chaînes de production végétales à hautes valeurs ajoutées, notamment orientées à l'export. A ce titre, les projets d'investissement des agrumes, des légumes et de l'oléiculture, employant plus de 80% de la main-d'oeuvre agricole, sont à renforcer davantage et ce, comparativement aux céréales. Bien que ces dernières occupent 75% de la superficie agricole utile, elles ne représentent que 10% des transactions du secteur et n'assurent que 5 % des postes d'emploi dans le secteur agricole. Par ailleurs, l'accélération de la réforme du régime foncier, dans le cadre de la gestion privée (apport en termes d'investissement, de savoir-faire et de la connaissance des marchés) des terres agricoles de l'Etat, serait de nature à insuffler une nouvelle dynamique pour mettre à niveau à la fois le secteur agricole (rénovation en amont des filières agricoles) et le secteur agro-alimentaire qui constitue le maillon faible de l'agriculture marocaine. En effet, ce dernier, qui est marqué par une faible productivité, une normalisation insuffisante et une faiblesse de la chaîne logistique, devrait être d'urgence mis à niveau, et ce au vu d'un contexte marqué par la forte concurrence en raison de l'ouverture du pays et la confrontation du secteur agricole aux conséquences de la mondialisation et de la libéralisation des échanges. L'agrégation, clé de la réussite L'identification d'autres agrégateurs potentiels pour constituer un réseau d'agrégateurs dans le cadre de la mise en place du Plan Maroc Vert serait de nature à booster le développement de l'agro-industrie, ce qui va permettre de valoriser au mieux le patrimoine agricole. En effet, outre l'investissement, l'agrégation, qui constitue la clé de réussite du Plan Maroc Vert, permettrait de mettre en place de grands conglomérats sur de grandes superficies agricoles, et par conséquent améliorer les niveaux de production. De même, l'agrégation va permettre de moderniser et de mieux organiser la filière agricole et de valoriser sa production, et ce, tout en assurant l'achat de la production, sa transformation et sa commercialisation, ainsi que la mise en œuvre des actions relatives à la formation et à l'encadrement des agriculteurs.