Le nouveau millénaire est marqué par la multiplicité des festivals, qui comblent le vide laissé par la défaillance du ministère de la culture, en matière de stratégie et de suivi de la chose culturelle au Maroc. L'ouverture du pays et sa diversité culturelle en font de lui une scène, chaque fois plus dense et riche, de l'animation, au grand plaisir des spectateurs, de plus en plus nombreux à assister à une trentaine de festivals annuels. Ces manifestations font éclore bien de nouveaux talents marocains, avides de savoir et d'expertise dans le domaine culturel. Les Marocains doivent se réjouir de la présence de stars du monde entier. L'événementiel culturel contribue à rehausser l'image du Maroc nouveau qui, sans renier son passé, connu aussi pour sa tolérance ancestrale, s'ouvre sur le monde et en fait bénéficier sa jeunesse et ses citoyens. Cependant, les efforts de modernisation de la scène culturelle butent contre la position arc-boutée des obscurantistes tenants de la «vérité» religieuse. Ils veulent tout interdire, aux noms de fondamentaux religieux et séculaires. Ils veulent dicter et imposer aux citoyens et au pays une ligne de conduite et des règles d'échange qu'ils ne font, malheureusement, que copier sur des «muftis» connus pour leurs perversions et qui ne sont pas en phase avec les impératifs du progrès de l'Homme. Ils cherchent à niveler la culture par le bas et à bannir l'échange avec l'extérieur sous le prétexte fallacieux d'atteintes aux mœurs… Relevons, dans ce sens, les tentatives orchestrées par des organisations parallèles du mouvement obscurantiste qui veulent récupérer leur «crédibilité» perdue, par l'organisation d'une marche, au lendemain de l'anniversaire de la commémoration des attentats de Casablanca… Le Maroc, Terre de tolérance, doit préserver son «capital ouverture» et aller, le plus loin possible, dans la modernité sans aucun abandon des spécificités marocaines ni de l'exception culturelle, qui, elle, est plurielle et ouverte à l'apport et à la fusion de la culture universelle. Les artistes et les intellectuels marocains doivent relever le défi de la modernité. Cela suppose un réel engagement pour l'épanouissement culturel et le combat serein contre les idées passéistes et l'exploitation de la religion.