Maintenant que nous y sommes embarqués – embeded, disent les Américains quand il s'agit des journalistes accompagnateurs-observateurs dans les batailles – continuons notre inventaire à la Prévert, auteur et surtout poète «français», car on ne dit pas francophone. Nous avons vu, et cela depuis deux jours dans ce journal, tous les appels en forme de résolutions à la bonne tenue démocratique et droits-de-l'hommiste la sphère francophone qui se targue de réunir quelque soixante-dix Etats : un bon tiers des membres des Nations Unies, rappelle avec une fierté non dissimulée monsieur Abdou Diouf, le Secrétaire général de l'«Organisation Internationale de la Francophonie». D'autres aspects un peu différents illustre la volonté interventionniste de l'OIF dans les domaines par exemple relevant de l'économique du social ou de l'humanitaire. Les efforts pour la promotion de «la culture démocratique par l'élargissement de l'éducation citoyenne» avec l'installation de réseaux institutionnelles spécialisés pour une coopération accrue entre professionnels pouvant bénéficier notamment aux responsables gouvernementaux que sont les ministères de l'Education nationale, structure et organisations nationales de dialogue (Partis politiques et Organisations Non Gouvernementales (ONG). La Francophonie institutionnelle à ce sujet ne peut esquiver, en aucune manière, de se pencher sérieusement sur la problématique de la presse et des médias en commençant par le projet de vouloir «professionnaliser les actions». Les partenaires de ce chantier sysiphien sont désignés sans peine, elles sont les associations internationales de journalistes, les centres de formations des journalistes… Réseaux médias, REFRAM, Reporters Sans Frontières (RSF), Union de la presse francophone qui est depuis peu la nouvelle appellation de l'UIJPLF, fondée déjà depuis 1950. Cette dernière fait parler d'elle dans les coulisses de la salle de presse du XIIIe Sommet de la Francophonie de Montreux, puisqu'on agite avec insistance la nécessité de la sortir de la sclérose en la régénérant avec, en priorité, le remplacement prévu, après les 42èmes assises à Rabat début juin dernier de cette organisation, de notre vieux confrère Georges Gros, l'inamovible secrétaire général, appelé bientôt à céder la place au professeur de journalisme de Montpellier Jean Kouchner. Par ailleurs, il semblerait que lors du prochain congrès de l'UPF, l'unanimité se ferait sur le nom du Marocain Moneïm Dilami pour la présidence internationale, succédant ainsi à l'Africain subsaharien qui occupe actuellement cette fonction. Les deux instruments principaux qui servent ce pluralisme de la presse et des médias sont en premier lieu le «Fonds d'Appui à la Presse Francophone du Sud» qui se donne pour mission de «contribuer au développement d'une presse pluraliste et de qualité, apportant un financement aux entreprises de presse, dont le siège est basé dans un pays francophone qui désireraient améliorer leur politique éditoriale, leur gestion managériale ou leur développement technologique. En un mot, ce fonds s'efforce de répondre à des besoins spécifiques exprimés par les entreprises de presse, en des offres qui voient leurs moyens financiers améliorés. Le Prix francophone de la liberté de la presse qui est organisé annuellement en partenariat avec «Radio France Internationale» et «Reporters Sans Frontières», devra répondre dans la continuité à une exigence plus pointue dans le choix des lauréats. Pour le volet plus spécifiquement économique concernant la gestion des ressources naturelles en élaborant les stratégies nationales de «développement durable» qui s'appuient sur le partage de l'expertise en matière de développement durable. L'énergie n'est pas oubliée ne serait-ce que grâce à l'invite de rationalisation des ressources et de développement des énergies dites renouvelables. L'Institut de l'Energie et de l'Environnement de la Francophonie, basé à Québec au Canada promet de former en trois années près de 400 cadres énergéticiens. Des projets communautaires, déjà mis en place dans 5 pays francophones, qui sont au nombre de 80, s'inséreront dans le développement local, «harmonieusement» au sein de leur environnement économique… Il est visible que l'O.I.F ne craint pas, contre tous contradicteurs plus ou moins déclarés, d'afficher des prétentions multiples dans le vaste domaine de l'aide au développement – concret. On verra à l'usage ce qu'il en sera de ces prévisions, du moins celles triennales inscrites sur les tablettes de l'O.I.F, qui s'apprête à s'installer dans des locaux plus spacieux et plus commodes sur l'avenue Bosquet (7ème arrondissement), toujours à Paris. «L'Organisation Internationale de la Francophonie», fort inquiète de ne pas se voir reconnue visible sur la scène internationale au même titre honorable que ses consœurs qui l'ont précédées et qui de ce fait ont pignon sur rue mondiale. L'O.I.F se démène toujours azimuts pour se positionner importante et utile. Elle détermine ainsi son action : *Renforcer les capacités d'alerte précoce et de prévention des conflits ; *Accompagner les processus électoraux notamment en Afrique subsaharienne ; *Participer à la gestion des conflits et à l'accompagnement des diverses transitions ; *Appuyer les efforts de consolidation de la paix et favoriser une participation francophone accrue aux opérations de maintien de la paix ; *Elargir les concertations francophones en vue d'assurer une présence active dans les négociations multilatérales ; *Favoriser la prise en compte partout et par tous l'égalité hommes/femmes ; *Encourager l'engagement des jeunes à privilégier leur implication dans les enjeux d'avenir ; *Mobiliser au maximum les partenariats autour des objectifs communs ; *Etc… L'O.I.F n'entre pas beaucoup dans les détails de la faisabilité et de la mise en musique de tous ces vœux amplement ambitieux. Mais elle persiste dans la voie que lui trace sa vocation internationale, qui est d'être parmi l'escouade des premières organisations de par le monde. (A suivre)